Monsters arrivait sur nos écrans avec cette étiquette que beaucoup de films commencent à revendiquer et qui nous inquiète donc de plus en plus : celle de "film-fauché-ayant-fait-sensation-dans-un-festival". Comme tous, Monsters est un film tenant sur un concept assez improbable et plutôt cool qui donne envie : ici, la romance sur fond de problème extraterrestre. Les extraterrestres sont à la mode de nos jours, les "films sensations ayant fait le ramdam" leur étant consacré s'égrènent au fil d'un par année : Cloverfield en 2008, District 9 en 2009, et 2010 donc pour ce Monsters.


L'histoire est simple : un photographe free-lance rencontre puis escorte une fille à papa depuis le Mexique où ils sont actuellement jusqu'aux Etats-Unis. Le problème étant que, pour aller de là où ils sont à la frontière, il faut passer par une zone en quarantaine où logent des monstres extraterrestres quelque peu dangereux. Nos deux personnages principaux vont donc devoir faire ce voyage rempli de dangers et de rebondissements. Si nous ne savions pas déjà ce que le film souhaitait être, on se dirait prêt à un road-trip nerveux rempli d'action, de peur et de tension. Que nenni.


Monsters se tient à son concept, refuse donc l'action et tombe très vite dans une sorte de demi-ton arty, où l'attente tient un rôle prédominant. La musique se résume à de l'ambient apathique, et la mise en scène à l'unisson propose quelques séquences caméra à l'épaule tendance "journalisme dans le feu de l'action", et une quinzaine de plans tendance "wallpapers" avec coucher de soleil et réflexion mélancolique. Assortie à ce demi-ton arty, une grande partie du film est donc composée de journées entières à attendre (d'abord un bateau, puis la préparation d'une expédition dans la zone en quarantaine) dans une chambre d'hôtel avec le journal télévisé en fond. Quand le film se décide enfin à se lancer dans la zone en quarantaine, il s'agira encore d'attente : celle de savoir quand les monstres vont attaquer.


De cette attente ressort ce que le film souhaite montrer : la romance hésitante des deux personnages. Le bât blesse encore à cause d'une piètre qualité d'écriture (à la fois des personnages et de leurs dialogues). Le photographe est, autant le dire, un gros relou (qui passe son temps à faire du rentre-dedans à la jeune fille) tandis qu'elle n'a tout compte fait aucune personnalité. Pour rentrer un peu plus dans la psychologie de comptoir de ces personnages, elle est fiancée mais semble réticente à la fois à en parler et à le revoir ; lui a un enfant mais la mère lui refuse de l'élever (ce qui leur permettra de remarquer qu'ils sont tout autant des écorchés de la vie et qu'ils ont donc plus de points communs qu'ils le pensaient).


Toutefois, tout cette guimauve n'est rien face aux abysses atteintes lors de leur arrivée devant les grands murs de la frontière américano-mexicaine, du haut d'un temple aztèque, quand dans une tentative de parabole politique ratée, ils s'inquiètent tous deux d'une frontière aussi fermée et que construire des murs entre les gens, c'est triste et dommage. On ne sait pas trop s'il faut saluer ce qui tente d'être une impertinence (quand il s'agit en fait d'une critique politique digne d'un élève de 5e) ou plutôt rire de la voir énoncée comme cela, sans liant aucun avec l'univers du film, où le mur est là pour protéger les Etats-Unis d'une invasion extraterrestre (il y a aussi l'équivalent d'un mur au niveau de la frontière mexicaine avec cette zone en quarantaine).


Au bout d'une heure et demi passée en territoire mexicain puis extraterrestre, ils arrivent enfin aux Etats-Unis, dans une zone sinistrée dont on comprend rapidement qu'elle a aussi été le lieu d'une confrontation avec les monstres. S'en suit une séquence magnifique où la confrontation arrive enfin : un monstre lance une de ses tentacules à l'assaut de la jeune fille, à l'intérieur d'une station-essence désaffectée où ils s'étaient arrêté et où ils attendaient les sauveteurs. Celle-ci réussit à sortir, rejoint le photographe, où ils assistent, ébahis, tout comme nous, à la ronde amoureuse et colorée de deux monstres tentaculaires dans la nuit. Moment de poésie parfaite que même le baiser qui s'en suit entre les deux héros n'arrive pas à gâcher. Dommage de se réveiller si tard.

ukhbar
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le 23 févr. 2011

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