(Ambiance)


Pour un premier film, le fiston de David Bowie nous pond une œuvre qui tient sacrément bien la route.


Un homme à Gerty en vaut deux
Déjà, certains lieux communs de la SF sont évités, et c'est avec soulagement que l'on fait la connaissance d'un ordinateur - Gerty - qui cette fois ne se rebelle pas malgré une intelligence si développée que l'on croirait la machine douée de conscience (n'est-ce pas le cas d'ailleurs, lorsqu'on constate qu'elle est même capable de botter en touche quand on lui pose une question qui la dérange ?). L'assistant non humain - mais très humain quand même finalement - va jusqu'à verser dans le mielleux (à ce titre très bonne idée la voix posée de Kevin Spacey). Le genre de contrepied que l'on retrouve à plusieurs reprises dans Moon. Doté d'un budget somme toute modeste, Jones parvient à créer un univers crédible. Le film est cependant aux antipodes d'un Oblivion, pour ne citer que lui, et quand bien même j'apprécie également l'esthétique de ce dernier, le réalisateur débutant emprunte une voie plus intimiste, en retenue, et l'image se pare d'une photographie sobre et minimaliste. Moon constituerait presque un moment de repos pour nos yeux, témoins d'une déferlante de science-fiction et autres films de super héros modernes bourrés d'effets superflus. D'autant que si la bande originale n'est pas la meilleure jamais composée par son auteur, Clint Mansell aura assuré une partition de qualité, et qui colle bien aux images et renforce cette ambiance claustrophobique et désespérée.


Manne on the Moon
L'idée de récoltes sur la lune afin d'en extraire les principales ressources terrestres en dit long sur l'état de notre douce planète en ce futur peu glorieux, alors que la conquête de l'espace a bien avancé, semble-t-il. La World Company de presque feu les Guignols à la mainmise sur toutes ces activités, et c'est peu reluisant pour le salut de l'humanité. A mon sens, le film contient assez d'indices pour nous laisser déduire tout un tas de choses, et le déficit de scènes dites pédagogiques permet ainsi au spectateur de s'immerger, d'être dans la lune, mais de manière attentive, et savourer des thèmes savamment exploités. L'aspect contemplatif de l'édifice tend à engendrer quelques longueurs, sans doute est-ce là ce qui trahit le manque d'expérience de Duncan Jones dans la gestion du rythme et de la narration. Heureusement, les acteurs font un travail admirable. En effet, Rockwell porte le film avec un naturel et une justesse confondants. Dans Moon, il fait le chaud et le froid, et à ceux qui diront "Sam' fait ni chaud ni froid", je leur répondrai simplement "c'est comme le Port-Salut: Sam rocks well".


Pour le reste, Duncan Jones se fend d'un premier long métrage prometteur, et fait voyager le spectateur dans l'infini par le prisme d'une base lunaire isolée. Si je devais énoncer un point négatif, ce serait sans aucun doute cette fin expédiée, à la portée optimiste, et qui dénote totalement avec tout ce à quoi le spectateur a assisté au préalable vis-à-vis du message véhiculé, et du ton employé. Finally, There is a Happy Land.


(merci Embrouille)

Gothic
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le 14 juil. 2015

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Gothic

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