!!! Cette critique comporte quelques spoilers !!!

Ca faisait pas mal de temps que je croisais sur le net l'affiche de Moonlight que je trouvais particulièrement belle. Je ne connaissais absolument rien de l'histoire, mais si la photo du film était à l'image de son affiche, ça valait certainement le coup d'oeil.
Après ses nombreuses nominations aux Oscars et tout ce que la presse a pu dire du film, j'ai enfin pu le voir à sa sortie.
Mais ma première réaction a été "MAIS POURQUOI ?!" Pourquoi ce film a pu mettre la presse à genoux !
Pour moi, ses nombreuses nominations aux Oscars n'ont rien d'étonnant. Dans une Amérique divisée, et après les nombreuses critiques sur le peu d'acteurs noirs présent aux Oscars l'année passée, Hollywood ne pouvait louper le coche.
Un film narrant l'histoire dramatique d'un jeune noir gay vivant dans un milieu difficile avec une mère camée qui ne s'occupe absolument pas de lui et de son éducation et qui le laisse errer dans les rues morbides de Miami. On peut clairement appelé ça un "drame dramatiquement dramatique".
Clairement, le film ne déçoit pas au niveau esthétique, la photo y est très belle et la prestation de Mahershala Ali fraichement oscarisé sauve vraiment le film.
Mais comment parler de ce film sans parler des nombreux clichés omniprésents pendant tout le long du film. En connaissant la thème du film, on croise les doigts pour ne pas voir une mère camée se défraichir au fil du film quitte à voler dans le porte-feuille de son propre fils pour pouvoir se droguer, le héros se faire tabasser par son meilleur ami car sous la pression d'un groupe d'amis homophobes, le héros fantasmant sur son meilleur ami ce dernier étant hétéro et qui n'hésite pas à lui raconter en détail toutes ses relations sexuelles dans les toilettes du lycée.
C'est simple, tout y est...
Le principal problème de ce film est son rythme, d'une lenteur absolument insoutenable, le film ne peut même pas se reposer sur son scénario qui est clairement inintéressant et manquant de rebondissements ou ne serait-ce que de contenu. Ce film est inspiré de la propre histoire du réalisateur, ok... Ca n'en fait pas un scénario d'une oeuvre cinématographique pour autant. Ce film est découpé en trois actes montrant le héros du film jeune, ado puis à l'âge adulte. Sa sexualité ou plutôt l'expression de sa sexualité évoluant au fil des années. Jeune, il découvre sa différence avec les autres garçons de son âge, adolescent il se questionne mais a sa première expérience sexuelle, et adulte il refoule son homosexualité, essaie de rentrer dans la norme vu son métier de dealer jusqu'à ce qu'un souvenir qu'il aurait préférer rester enfoui ne ressurgissent et ne changent la donne.
C'est la première fois que j'arrête un film à 15 minutes de la fin pour lire la fin du film sur Internet. Le film ne dure qu'une 1h51min mais m'a paru durer une éternité. J'ai beaucoup aimé La vie d'Adèle qui dure 3h07 et je me suis clairement moins ennuyé devant même si les deux films ne sont absolument pas semblables excepté le thème de l'homosexualité. En prenant connaissance de la fin du film, je me suis demandé "Vraiment, c'est vraiment ça la fin de l'histoire. C'est CE film que tout le monde encense sans même l'avoir vu la plupart du temps."
Le problème que j'ai aussi avec ce film, c'est tout cette discrimination positive qui se dégage de cette récente édition des Oscars. Trois films mettant en scène des acteurs noirs ont été mis en avant. Moonlight, Fences et les Figures de l'Ombre. Trois films qui ne feront pas date dans l'histoire du cinéma et dont à mon avis on ne parlera plus dans 10 ans (et je ne préfère pas parler de Lion qui se vend comme le nouveau Slumdog Millionnaire et qui a pour unique objectif de rafler les même récompenses que son prédécesseur).


La question qui selon moi doit-être poser après cette sélection hasardeuse aux Oscars est la suivante. Doit-on récompenser des acteurs ou des réalisateurs de couleur pour des films où leur couleur est l'élément le plus mis en avant ou pour des oeuvres qui marqueront le cinéma ?


Le premier exemple qui me vient en tête est celui de Steve McQueen.
Aucune nomination pour deux films magistraux que sont Hunger et Shame.
Le premier évoque la grève de la faim irlandaise de 1981 et les derniers jours du leader de l'IRA Bobby Sands. Le second nous narre la vie d'un trentenaire new-yorkais travaillant beaucoup mais dont le quotidien est rongé par une addiction douloureuse, celle du sexe.
Deux films brillants, puissants, portés par une interprétation juste hallucinante de Michael Fassbender qui vient y trouver certainement ses deux meilleurs prestations de sa jeune carrière.
En 2013, Steve McQueen décide de réaliser 12 Years of Slave qui est couronné par 6 nominations au total aux Oscars. Un film qu'on ne peut pas qualifier de mauvais mais qui laisse un goût amer quand on voit ses deux films précédents. Un réalisateur noir doit-il forcément faire un film sur l'esclavage pour être reconnu par ses pairs, c'est cette même question que je me pose avec Moonlight...

Anthonin_Olivo
5
Écrit par

Créée

le 28 févr. 2017

Critique lue 466 fois

1 j'aime

2 commentaires

Anthonin Olivo

Écrit par

Critique lue 466 fois

1
2

D'autres avis sur Moonlight

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

179 j'aime

3

Moonlight
JérémyMahot
4

Un scénario lunaire

Moonlight, comme son personnage principal, a du mal à se situer : le film de Barry Jenkins se présente d'abord comme un témoignage social, à vif, caméra à l'épaule dans le style des frères Dardenne,...

le 11 févr. 2017

62 j'aime

Moonlight
Plume231
3

La seule chose à retenir : la bourde la la landienne !!!

Les vannes de Jimmy Kimmel, les très nombreuses piques anti-Trump de la part de Kimmel et des différentes stars qui ont défilé sur scène, des noirs récompensés à profusion pour tenter de faire...

le 1 mars 2017

37 j'aime

5

Du même critique

Barbara
Anthonin_Olivo
8

"Tu es mon accessoire, mon accès du soir, mon excès du soir"

Comment toucher au mythe Barbara sans froisser les fans et en essayant de captiver les non-initiés. C'est le pari risqué du film de Mathieu Amalric. Quand des réalisateurs auraient pu flairer le bon...

le 14 févr. 2018

1 j'aime

Moonlight
Anthonin_Olivo
5

Le problème Moonlight (Post-Oscar)

!!! Cette critique comporte quelques spoilers !!! Ca faisait pas mal de temps que je croisais sur le net l'affiche de Moonlight que je trouvais...

le 28 févr. 2017

1 j'aime

2