Moonlight c'est une histoire simple et intime, sur fond d'abandon, misère et drogue. Le personnage principale, Chiron, cherche son identité dans un monde qui n'a pas de réponses et qui n'est pas prêt à accepter une quelconque déviation de la norme.
La construction en trois parties raconte des instants clefs de la vie de Chiron. D'abord l'enfance, et la tentative de trouver un père de substitution, ensuite l'adolescence, ses troubles et ses dangers, enfin l'âge adulte, apaisé mais routinier.
Ce qui frappe, c'est avant tout la photo, particulièrement réussie, qui parle d'ailleurs bien plus que les personnages. Dès les premières scènes, le jeune enfant a compris qu'il montre déjà trop une différence qui lui vaut des coups et des brimades. Alors il s'enferme dans un mutisme défait.
C'est donc à l'adolescence qu'il entre dans un monde de parole. Mais dans cette séquence, tout sonne faux. Le mensonge le poursuit, les insultes sont monnaie courante, les promesses sont brisées. Dès qu'il s'approche de la vérité, de sa vérité, le voilà renvoyé, face contre terre, à la parole du ghetto. L'interdiction d'exister.
Enfin, c'est dans la troisième partie, lorsque enfin Chiron s'est trouvé une place, au prix d'heures de gonflette et d'acceptation du traffic du quartier, qu'on espère le voir trouver l'amour. Le dialogue est fin. S'il flirte avec le vrai, c'est pour raconter deux histoires : la nourriture et l'amour. Alors on comprend ce qui se joue et on attend le coming out.
C'est un très beau parcours initiatique, qui, malgré quelques lourdeurs au début et lenteurs au milieu, parvient parfaitement à recréer l'ambiance de chacune des étapes de vie d'un enfant.