« - Monsieur Anderson, ravi de vous revoir. Vous nous avez manqué. »
Deux ans après le très bon « Fantastic MrFox », Wes Anderson nous ressert encore un de ses contes pour adultes, le bien-nommé « Moonrise Kingdom ». Film d’ouverture du Festival de Cannes, ce film loufoque nous raconte une histoire d’amour enfantine entre deux adolescents, en pleine époque sixties. La fugue des deux héros de l’histoire, Sam, orphelin fuyant sont camp de scoot de Castor Junior , ainsi que Suzy, jeune fille désirant s’échapper de sa famille tourmenté, provoque le point de départ de ce récit. Sans le savoir, cet évènement va chambouler tout leur petit entourage.
Dès la scène d’introduction, Anderson nous montre la vie de la famille de Suzy, et installe déjà l’ambiance qui va perdurer pendant tout le film : une ambiance bucolique, posée, étrange. Cette première scène (long plan séquence, présentant les pièces de la maison et ses habitants) s’arrêtant sur le doux regard de Suzy, montre des décors simplissimes et une image jaunie : on a l’impression de voir une vieille maison de poupée prendre vie.
Comédie avant tout, « Moonrise Kingdom » est aussi profondément dramatique. Cet amour enfantin (qui n’est pas aidée par certaines réactions des deux héros, quasi-autistique) est incompris par leur entourage. Ce qui amène certains personnages secondaires à se remettre également en question, finalement jaloux de cet amour enfantin. Et quel casting aux petits oignons pour ces personnages secondaires : Edward Norton, Bruce Willis, Tinda Swilton, et même Harvey Keitel, pour un petit rôle. Fort heureusement, ils ne sont quasiment jamais mis en avant, chacun ayant des réactions assez distantes avec les évènements. Cela permet de mettre en avant les 2 acteurs principaux, dans leurs premiers rôles : Kayra Hayward et Jared Gilman. Ils tiennent leurs rôles d’amoureux candide à merveille.
Quelques fois à la limite du fantastique (par exemple, lors la scène de l’orage en haut du clocher), Wes Anderson nous prouve bien qu’il cherche uniquement un mettre en scène, à personnifier l’amour le plus simplissime, l’amour enfantin. Ce qui explique les scènes quelques fois absurdes, fantastiques, ou les réactions de certains personnages, même adultes. Un exemple, la voix off du film fait quelques apparitions et a même une importance dans certaines scènes, ce qui renforce encore plus le ton décalé du film.
A noter aussi, une BO instrumentale qui colle parfaitement à l’ambiance du film et qui apporte beaucoup au côté onirique du film.
Moonrise Kindgom est un donc un film léger, extrêmement poétique, décalé et absurde mais avec une ambiance bucolique intemporel et surréaliste. On dirait un bon mélange entre un film des frères Coen, pour la mise en scène et le ton utilisé, et un de film Tim Burton, pour la candeur et l’excentricité globale du film.
En véritable bouffé d’oxygène, on ressort du film l’esprit vidé, et avec le sourire. Et c’est bien là une preuve d’un film réussi.