"Morning" (2010), premier long-métrage de Leland Orser, avait tout pour être une œuvre bouleversante. Le deuil, la perte d’un enfant, la déchirure silencieuse d’un couple : un matériau humain, universel, terriblement poignant. Mais ce qui aurait pu être une immersion viscérale dans la douleur devient une expérience tiède, presque désincarnée. J’en ressors frustré, ému par l’idée, mais hermétique à l'exécution. Une note de 4.5/10, et je vais vous dire pourquoi.
Le parti pris d’Orser est clair : il veut éviter les violons, le pathos facile, les dialogues explicatifs. Soit. Mais à force de dépouiller son film, il le vide de sa substance. Le silence devient pesant, non pas parce qu’il évoque le non-dit, mais parce qu’il se répète jusqu’à l’ennui. Tout est feutré, étouffé, ralenti — au point que l’émotion s’évapore avant même d’avoir pu exister.
Leland Orser et Jeanne Tripplehorn livrent des performances dignes et sincères. Mais même leur jeu ne suffit pas à sauver un scénario qui peine à décoller. L’histoire piétine, la mise en scène tourne en rond, et le spectateur, lui, attend désespérément une respiration, un vrai moment de bascule. En vain.
Visuellement, "Morning" adopte une austérité presque clinique. L’épure peut être une force… quand elle est maîtrisée. Ici, elle devient un mur entre le film et son public. Pas de rythme, pas d’arc dramatique clair, juste une suite de scènes opaques qui peinent à transmettre la moindre intensité. Le style finit par desservir le sujet — et c’est un vrai gâchis.
Le plus grand problème de "Morning", c’est qu’il échoue là où il voulait justement réussir : faire ressentir. On perçoit la volonté, l’ambition, la sincérité du projet. Mais on ne les ressent jamais vraiment. Le film cherche l’émotion, mais ne fait que l’effleurer. Il aurait pu marquer, il ne fait que passer.
En tentant d’éviter le mélodrame, "Morning" finit par éviter… le drame tout court. À vouloir dire beaucoup avec peu, le film dit finalement très peu. Dommage, car l’intention était là. Mais entre maladresses d’écriture, mise en scène glaçante et rythme atone, ce film m’a laissé froid.