Un conte ? (attention spoilers)
Morse est visuellement époustouflant, voire irréprochable ; d'une glaciale perfection. Des couleurs froides et plastifiées, au beau milieu des paysages enneigés de Suède et des gouttes de sang la tachant (la neige).
Brune, la peau pâle (bien que pas tant pas que ça finalement) et le sang aux lèvres, Eli est une Blanche-Neige contemporaine, dans sa version crue(lle), enfantine et figée. Notre vampirette rencontre son prince, un enfant blond comme les blés, blanc comme le lait et plus ambigu qu'elle encore. Car les deux héros de ce film ne sont pas simplement des enfants, ils sont surtout des beautés particulières, des êtres anormaux qui se réalisent dans le sang, sans expression, en tissant un lien fort et fort romantique. La scène du baiser ensanglanté est un parfait exemple de la relation qui guide le film, par-delà les meurtres finalement secondaires perpétrés par Eli.
Les scènes coupées : une vraie richesse, un truc particulier, de la violence juste dosée pour devenir magnifique et des moments marquants.
La fin est brutale : nos deux protagonistes partent, on ne sait où, et cela m'a perturbée. J'en suis restée avec les images de la piscine dans la tête et donc, l'atmosphère bien spéciale du film m'imprègnera encore un moment.
Pourtant, seulement 7 points ?
Oui, parce que le film est lent, mais parfois un peu trop, et trop long à démarrer. Il ne serait pas honnête de lui attribuer plus de points quand la sauce a mis pas moins de 45 minutes à prendre.
Cependant, il est de toute beauté, original, amoureux sans excès ni pathos, et les acteurs incarnant Oskar et Eli sont crédibles (je n'arrive pas à savoir s'ils sont excellents ou très perfectibles).
PS : non je n'ai pas développé mon allusion au conte, car je ne me sentais pas la force de m'improviser encore plus analyste à tendance pédanto-littéraire. Simplement, j'y ai pensé en faisant involontairement le rapprochement Eli/Blanche-Neige et celui-ci me pousse à voir dans Morse une sorte de conte doux-amer.