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Il ne fallait qu'un sous titre racoleur pour me hyper en cette fin d'année : "un faux documentaire sur l'année 2020 par les créateurs de Black Mirror".
Pour moi, derrière ce sous titre il n'y a qu'une promesse : une proposition d'analyse sur le trauma collectif que nous sommes en train de vivre. Et de l'humour noir. Black Mirror quoi.


Mais sortir un film en 2020 sur 2020 était peut être trop ambitieux ou trop politisé, et le résultat n'en est que trop polissé par la pensée unique qui semble justement gangrener cette année les hautes sphères.


Au delà d'un formalisme éculé du documentaire en voix off, nous revenons mois après mois sur les évènements qui ont marqué l'année, avec un recentrage sur la Grande Bretagne. Ce qui aurait servi la dystopie se retrouve ici ennuyer le spectateur, qui attend plus qu'un simple résumé chiffré et daté.


Les sujets s'enchainent, avec des images connues de tous et qui ont fait l'année. Mais le ton faussement sérieux du casting 4 étoiles devient de plus en plus horripilant à mesure que l'ennui s'installe et qu'on comprend qu'on ne verra ni satire ni dystopie dans ce film.
En lieu et place, un ton moqueur et une ironie fausse et supérieure que j'ai l'impression d'entendre tous les jours un peu plus de la part des élites, qu'elles soient intellectuelles ou pas.


On critique Trump et Boris Johnson parce que c'est cool, sur leur physique ou leur locution mais sans jamais commencer d'amener la moindre réflexion sur les oppositions qu'ils créent dans leurs pays ou ce qu'elles révèlent dans le monde.


On parle du mouvement Black live Matter dans une glorification incroyable mais sans jamais travailler les causes, les conséquences et la division du monde en des castes dont les affrontements sont de plus en plus forts, visibles et prévisibles.


On effleure la thématique écologique, un sujet pourtant fort et qui reste dans un consensus douloureux une indifférence collective qui aurait valu meilleur sort en 2020 au vu du retrait des hommes de la planète.


Enfin, sujet favori des créateurs de Black Mirror, on survole les avancées technologiques de l'année, tout en fermant les yeux sur les enjeux politiques avec l'intérêt et les échecs de la coordination mondiale autour du sujet du vaccin, du sujet de la coopération européenne, du rejaillissement des frontières...


A la place, la voix du peuple à travers trois caricatures d'Hommes : un youtubeur prêt à tout pour faire des vues et de l'argent (Mise en abîme subtile ?), une femme blanche aisée raciste qui adopte tout un discours pour ne pas paraître raciste (Mise en abîme subtile 2 ?) et une femme blanche enchainant stupidité sur stupidité et crédule sur ce que les médias lui renvoient comme information (Mise en abîme subtile 3 ?).


J'attendais un pamphlet d'anticipation ou au moins d'une oeuvre prônant le positivisme et l'entraide. J'ai vu une satire pauvrement écrite, sans ambition et comme apeurée par les enjeux de son sujet. Loin des précédents opus de Black Mirror et soucieux de plaire au plus grand nombre, comme le prophétisait son titre racoleur, "Mort à 2020" en est presque dangereux par sa normalisation de la raillerie utilisée pour traiter les sujets graves.
Rejeter 2020 avec autant de force, sans en tirer les leçons, c'est aussi se préparer à ce que les conséquences des erreurs collectives s'accentuent en 2021.


Pour un meilleur résumé de 2020 :


https://www.youtube.com/watch?v=eMOUTgWQM74

Jb_tolsa
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le 31 déc. 2020

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Jb_tolsa

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