Avec "Le Crime de l'Orient Express", Kenneth Branagh avait remis sur le devant de la scène le whodunnit, presque complètement disparu de nos écrans.
En adaptant un roman classique d'Agatha Christie, il s'assurait que les spectateurs seraient en terrain connu. Mais il modernisait aussi ce genre en profitant des effets numériques, de la qualité des nouvelles caméras, et d'une photographie beaucoup plus libre qu'auparavant.
Autrement dit, on avait droit à une adaptation d'un classique de la littérature avec un véritable parti-pris visuel.
Le réalisateur continue sur sa lancée avec "Mort sur le Nil". C'est bien simple, si vous avez aimé le premier, vous aimerez ce film, et vice-versa.
Attention toutefois, le film prend beaucoup de libertés avec le roman. Le nombre de personnages est réduit par exemple, certains concentrant les identités de plusieurs personnages du roman.
De même, une intrigue du roman est évacuée tandis qu'une autre est créée.
Si vous admettez qu'une adaptation peut se permettre quelques libertés, alors vous devriez y trouver votre compte.
Même si l'on peut rester dubitatif sur la qualité des effets numériques pour reconstituer le Nil dénué de ses constructions modernes, le film offre un aspect visuel qui justifie de le voir sur un écran de cinéma.
Quelques plans jouent fort bien avec la lumière, l'environnement ou la position du cadre. C'est très beau.
De plus, les costumes sont magnifiques. Ils ont souvent attiré mon attention durant la séance, ce qui est relativement rare.
En revanche, l'intrigue, si elle est intéressante, ne laisse que peu de place au suspens. Le nombre d'indices disséminé est si faible qu'on comprend vite ce qu'il va se passer. C'est dommage de ne pas avoir semé de fausses pistes pour semer le spectateur.
Toujours est-il que, même en devinant rapidement qui est le tueur, il est très agréable de suivre l'enquête et les interrogatoires de Poirot. J'ai particulièrement aimé sa façon de construire une histoire réaliste pouvant expliquer comment chaque personne qu'il interroge aurait pu tuer la victime.
Cela dit, l'enquête est parfois plombée par des jeux d'acteurs que je qualifierai de mitigés. Je pense notamment à Armie Hammer qui ne me paraît pas très crédible. Il en fait beaucoup trop. Dommage, parce que ça tranche avec la subtilité d'Emma Mackey par exemple.
En tout cas, ça n'a pas été suffisant pour entamer mon enthousiasme. J'espère sincèrement voir un jour une troisième adaptation d'Agatha Christie par Kenneth Branagh. Ce me semble être devenu une valeur sûre.