Le dernier des derniers pour Daniel Craig !


Pour commencer, le gun barrel, je le préfère saignant.


Alors du fait du ratage 007 Spectre, Mourir peut attendre hérite de deux boulets. Le premier, c'est un Blofeld à deux balles du fait que ses raisons d'agir et de se venger étaient à chier. Ce qui était d'autant plus dommage que Christoph Waltz est un acteur formidable, ayant tout à fait la capacité d'incarner des méchants flippants (genre comme dans Inglourious Basterds !). Pour ça, cet opus s'en tire bien. Le second, c'est Léa Seydoux. D'abord, elle n'est pas terrible comme comédienne, mais en plus, elle n'a pas la moindre alchimie avec Daniel Craig. En conséquence, les scènes qui sont pour la plupart réussies du point de vue de l'écriture entre son personnage et notre espion ne peuvent pas l'être pour celui de l'interprétation.


Pour la longue partie pré-générique (plus longue que d'habitude !), il y a son lot de séquences spectaculaires dans la ville touristique aux rues pourtant vides de Matera. Cela met tout de suite dans l'ambiance. Je m'abstiendrai de m'attarder sur le méchant facile à étrangler qui jette une info importante, gratuitement par la magie de la paresse scénaristique.


Générique... alors, lors de la période Craig, il y a deux morceaux exceptionnels, faisant partie de la la crème de la crème de toute la saga, avec Chris Cornell et Adele. Mais il y a aussi deux autres qui sont en contrepartie parmi les plus pourris, celui d'Alicia Keys accompagnée de Jack White et celui d'un Sam Smith se faisant trop presser les noix. Et Billie Eilish ici fait qu'on a un 3-2 du côté positif de la balance. Sa voix susurrante et la musique sont d'une mélancolie toute bondienne, dans tout ce qu'elle peut avoir de meilleur, le tout avec un visuel inspiré.


Hans Zimmer fait du bon boulot sans plus (il n'est pas à son sommet pour aider à insuffler de l'intensité aux scènes d'action !), mais John Barry le surpasse largement. Oui, l'immense John Barry qui nous a quitté en 2011, oui, dans ce film, oui, dans Mourir peut attendre. Oui, parce qu'on entend très souvent des compositions de la BO d'Au service secret de Sa Majesté. Je ne peux pas m'en plaindre puisque c'est ma BO favorite de toute la saga et c'est aussi mon James Bond préféré de tous les temps, enfin... car, malheureusement, ce n'est pas une référence innocente (sans parler d'une fameuse réplique, qui est aussi le titre d'une magnifique chanson de Louis Armstrong !), malheureusement. Je vais y revenir, les yeux embués de larmes de colère.


Autrement la photographie, l'action, la diversité et la beauté des lieux, tout ça, c'est aussi du bon travail, rien à redire...


Et, le meilleur du meilleur (ou plutôt la meilleure !), j'ai trouvé Ana de Armas brillamment mémorable (pour tout dire, elle vole la vedette à ses partenaires !). Je l'ai particulièrement kiffée (bon, de toute façon, je la kiffe tout le temps !). J'ai éprouvé du plaisir à la voir pétillante, élégante, drôle et badass en espionne aussi expérimentée qu'ultra sexy. Sans parler qu'il y a de l'alchimie entre elle et Craig. Et franchement, je déplore que l'ensemble ne l'utilise pas beaucoup plus. C'est le type de caractère que j'aurais bien voulu voir en James Bond girl du début jusqu'à la fin. D'ailleurs, Lashana Lynch aurait pu être jartée et être remplacée par Ana de Armas, en combinant leurs deux personnages en un seul (cela n'aurait pas changé grand-chose quand on y réfléchit bien !).


Maintenant, je vais passer au gros problème scénaristique : les motifs du méchant. Ils sont parfaitement clairs jusqu'au dialogue entre Bond et Blofeld dans la prison de haute sécurité, mais après ? Je ne comprends absolument pas le pourquoi de ce qu'il fait ensuite. Rami Malek fait du mieux qu'il le peut avec ce que le scénario lui a donné, mais le truc, c'est que le scénario se foire totalement avec lui et, en outre, n'injecte donc aucune profondeur par la suite à cet antagoniste.


Il est temps hélas de passer à ce qui m'a fâché vraiment, irrémédiablement...


Il y a un truc que les quatre (placer un mot autocensuré !) ayant écrit ça n'ont pas du tout pigé, c'est que James Bond au cinéma, c'est Sean Connery, c'est George Lazenby, c'est Roger Moore, c'est Timothy Dalton, c'est Pierce Brosnan, c'est Daniel Craig et cela aurait dû être aussi le cas pour les acteurs qui suivront. Chaque interprète a apporté sa variation (ce qui fait que chacun a son Bond favori !), mais c'est un seul et même personnage.


On ne peut pas tuer Bond (d'où les références à l'envers de mauvais augure à Au service secret de Sa Majesté puisque ce n'est pas l'objet de sa flamme qui meurt, mais lui-même !). C'est stupide (déjà que je n'ai pas apprécié pour Felix Leiter !). Il est invincible (avec une sorte de plaisir sadique non dissimulé, le réalisateur Cary Joji Fukunaga, ayant aussi participé à l'écriture, prend bien le temps de nous le montrer se désintégrer pour être bien sûr de pulvériser la plus petite miette d'ambiguïté ou d'espoir chez le spectateur quant au sort final du mythique matriculé 007 !). Et le pire, c'est que je pense que cette connerie a été commise pour de mauvaises raisons. Ouais, le James Bond d'avant était un gros con machiste, voire un violeur (je ne nie pas que le Bond de Connery a sérieusement déconné dans Goldfinger et dans Opération Tonnerre, mais cela ne justifie pas qu'on explose tout comme des gros bourrins !). C'est fini tout ça. On va tout dynamiter. On va tout détruire. On va tout cuisinier dorénavant dans un woke (oui, la faute d'orthographe est volontaire !).


Ce serait oublier que depuis Lazenby puis Moore (du moins, à partir de L'Espion qui m'aimait !), il y a un tempérament plus respectueux de l'agent secret envers les femmes et aussi que le M de Judi Dench balançait déjà sèchement du MeToo à la gueule de Bond dans Goldeneye. Il a toujours su évoluer avec son époque (c'est en partie pour cela qu'il dure (durait !) toujours et que je m'y suis attaché !). Il n'a pas attendu le "progressisme" de ceux qui ont niqué ici la franchise. Ces derniers se pensent comme valant mieux que lui. Ils sont pathétiques.


Oui, je suis vénère... Oui, pour moi, c'est impardonnable... C'est dégueulasse. Traitez-moi de vieux dinosaure pathétique, accroché au passé (alors c'est que vous avez mal compris mes propos, notamment ceux en spoiler !), mais je pense pleinement cela. Dégueulasse.

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le 5 oct. 2021

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Plume231

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