Le cahier des charges était sacrément lourd cette fois là : conjuguer les fondamentaux de la franchise et offrir une fin digne de ce nom à Daniel Craig.
On a connu des séries mythiques dont la fin ne résista pas à pareille gageure, décevante, forcément décevante.
Casino Royale dont il est question dans ce dernier épisode se révèle rétrospectivement le meilleur épisode de cette ère, ouvrant la voie au nom moins splendide Skyfall. Ils insufflèrent un supplément d'âme au personnage, dont le style froid et violent de "chien de guerre" est un enfant du onze septembre.
Pourtant ici rien ne marche. Sans doute que Mister Craig n'a plus le souffle pour réaliser de longues séquences spectaculaires, on dit que les multiples blessures qui en résultèrent ont fini par le lasser.
Faire de nouveau appel au fantôme de Vesper Lynd, comme les autres fois précédentes est la fausse bonne idée. Surtout pour l' expédier d'une bonne grosse bombe, la subtilité n'est vraiment pas le fort de cet épisode. Le couple Bond/Swan ne fonctionne jamais, on touche même parfois au grotesque. La courte séquence avec le personnage incarné par Ana de Armas dépasse toutes les autres, ne parlons pas de l' autre 007 aussi charismatique qu'un pittbull. L' irruption du glamour et surtout de l' humour, cette dernière étant devenue denrée trop rare, redonne un bref coup de fouet, avant que la machine mortifère ne reprenne sa course à l' armement.
Tout est froid et sans âme comme un fond de lac gelé ou une île perdue dans le Pacifique nord, vestige de la guerre froide. La série échoue à produire un méchant crédible, il n'est ici que fonctionnel, un robot téléguidé par les scénaristes pour faire le job, enquiquiner James.


PETIT BUG de la fonction spoil grrr si vous ne voulez pas que je divulgâche, ne lisez pas la suite


Le plus grave, la faute de goût ultime à mes yeux constitue non pas le choix de faire mourir Bond, mais de le faire échouer. Ce n'est pas lui qui détruit la base ennemie, mais des missiles téléguidés depuis des navires. Q n'est plus ce drôle de zinzin à gadget avec lequel Bond jouait marquant bien la supériorité de l' Homme sur la machine, il est devenu celui qui commande à l'oreillette. Oh bien sûr les scénaristes multiplient les signaux montrant James résister à la robotisation du superhéros, humain trop humain, mais cela est trop pour nous leurrer, le message est clair, tu as fait ton temps, laisse la technologie faire, celle qui aurait permis au Spectre de prendre le pouvoir dans l'épisode précédent avec l' inquiétant C au double visage, il était réussi ce méchant là ! Ce renoncement constitue le triste enterrement de la saga, et il n'est pas anodin que la productrice Barbara Broccoli déclare n'avoir aucune idée de la suite. Nous non plus.






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PhyleasFogg
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le 10 oct. 2021

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