We've really been expecting you, Mr Bond !

Enfin, dira-t-on ! La sortie de ce 25ème James Bond a connu tellement de péripéties qu'elle était devenue un vrai sketch... Daniel Craig qui attend 2 ans après "Spectre" pour confirmer qu'il ré-endosse le costume de 007. Danny Boyle nommé réalisateur, puis quittant le navire pour divergences artistiques. Une sortie repoussée à avril 2020, et Hans Zimmer engagé en catastrophe pour la BO.


Puis arrivé en 2020, c'est la douche froide. "No Time to Die" est le premier blockbuster à être repoussé à cause de la crise mondiale du coronavirus. Des décalages de 6 mois tous les 6 mois, obligeant EON Productions et Universal à repayer à chaque fois une campagne marketing... et à retourner des séquences de placements-produits, ceux-ci étant devenus obsolètes !


Automne 2021, ça y est c'est la bonne ! Le film sort enfin dans les salles obscures, pas loin de battre le record de la traversée du désert entre "Licence to Kill" (1989) et "Goldeneye" (1995). Que vaut-il à l'arrivée ?


Comme l'indiquent ses fréquents appels du pied à l'épisode original qu'était "On Her Majesty's Secret Service" (reprise de la musique, quelques plans et dialogues similaires...), "No Time to Die" affiche clairement la volonté de proposer quelque chose de nouveau, voire clivant. Toutefois, à la différence d'un "Star Wars 8" nihiliste et gratuit, le film trouve le bon compromis entre le respect du mythe James Bond, et l'iconoclasme pas si illogique.


Il propose ainsi plusieurs idées assez culottées, qui décontenanceront les fans les plus stricts, mais apportent une fraicheur bienvenue après 25 (!) films officiels, et surtout offrent une jolie conclusion à l'arc narratif de l'ère Craig.


James Bond devient papa. C'était finalement inévitable vue le nombre de conquêtes féminines consommées sans capote ! C'est aussi un joli pied-de-nez au reste de la franchise, qui omet presque totalement l'existence des enfants en général. Ce n'est pas forcément bien amené ici, mais c'est traité avec sobriété. L'image d'un Bond ensanglanté, portant pistolet et bretelles de costard desquelles pendouille un doudou, est amusante !


Ensuite, la fin de James Bond. Une choix très osé pour la franchise, mais finalement logique, le personnage se rendant compte que tout ce qu'il a touché ou aimé durant sa vie a été voué à la mort. Et que les amateurs se rassurent, "James Bond will return", comme le clame le générique de fin.


Pour le reste, ce qui pêche dans "No Time to Die", ce sont essentiellement les méchants. Rami Malek est inquiétant en grand manitou, mais ses intentions sont plus que nébuleuses, et il est entouré de personnages secondaires au mieux effacés et aux motivations encore plus floues, au pire irritants. Christopher Waltz / Blofeld est à peine utilisé (pas plus mal, même si cela piétine "Spectre"). Le résultat est que le film tourne un peu à vide, son moteur manquant de vrai carburant.


Mais "No Time to Die" a de nombreux arguments de poids en sa faveur. Daniel Craig, qui avait l'air de s'ennuyer dans "Spectre" n'est pas venu juste pour toucher son chèque. L'acteur (et ici producteur) est pleinement impliqué dans le film. Il est secondé par des personnages féminins très appréciables. On ne peut s'empêcher d'émettre des réserves sur Léa Seydoux, qui malgré un personnage intéressant semble de ne pas appartenir à cet univers. Mais Ana de Armas est pétillante à souhait dans une apparition relativement courte (et, il faut bien le dire, peu utile à l'intrigue, car rajoutée a posteriori par la scénariste Phoebe Waller-Bridge). Lashana Lynch est charismatique à souhait en agent 00, qui a des passes d'armes sympathiques avec Bond.


Sur la forme, beaucoup d'éléments bons voire très bons. Une BO de Hans Zimmer qui ne prend pas beaucoup de risque, mais convoque agréablement du John Barry des 60's. Une réalisation surprenante de Cary Joji Fukunaga : introduction presque horrifique, des scènes d'action très jolies (dont le passage en forêt), et un plan-séquence détonnant qui semble hérité de la légendaire séquence de l'hôpital de "Hard Boiled". Sans compter de nombreux parallèles avec la mythologie, pas toujours subtils, mais qui donnent un sens supplémentaire à l’œuvre.


Finalement, "No Time to Die" affiche des choix qui ne plairont pas à tous. Mais il offre une conclusion audacieuse à l'ère Craig, et plus satisfaisante que ne l'était "Spectre".

Redzing
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le 16 oct. 2021

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