Un mélodrame qui essaie de dissimuler ses ressorts sirupeux et en proie à un pathos incapacitant derrière des préoccupations politiques très graves qui secouent l'Inde depuis une éternité — les conflits ethniques entre populations hindoue et musulmane qui égrainent régulièrement leurs décomptes macabres au terme de règlements de comptes sans fin. "Mr. and Mrs. Iyer" ne s'inscrit pas du tout dans la mouvance traditionnelle du drama bollywoodien avançant avec tous ses codes parfaitement exhibés : c'est avant l'histoire d'un voyage en bus qui tourne mal, un trajet compromis par la présence de révoltes sur le chemin contraignant l'intégralité des passagers à subir une halte traumatisante, une sorte de séquence gestapo au cours de laquelle des personnages secondaires sans aucune profondeur débarquent, questionnent la culture des uns et des autres, et embarquent des personnages appartenant à la mauvaise confession. Le climat délétère est posé très vite, et le scénario en profite pour forcer le rapprochement de deux protagonistes que tout oppose, une femme avec son enfant appartenant à la communauté hindoue très orthodoxe (une famille brahmane traditionaliste) qui se rendent à Calcutta pour retrouver le mari, et un homme musulman accessoirement photographe international. Alors qu'elle était initialement horrifiée de partager une place voisine, le personnage féminin protègera instinctivement l'homme menacé de mort en faisant de lui son mari, le temps de traverser la tempête.
Le film se résume à ce bout d'histoire : deux personnages issus de milieux différents qui apprennent à se connaître malgré leurs antagonismes. La chose n'est pas en soi rédhibitoire, mais elle est exécutée avec tellement de lourdeur et avec une telle absence de profondeur (psychologique, analytique, politique, de mise en scène) que l'opération tourne assez rapidement au calvaire. On n'est pas dans une comédie romantique américaine stéréotypée, mais les mécaniques sont quand même très proches. Tout ça de la part d'une ancienne actrice chez Satyajit Ray, Aparna Sen... Surprenant. Difficile de faire plus poussif en matière d'illustration d'une entraide dans la difficulté, au milieu des violences inter-religieuses.