MR. HOLMES est ce que l’on peut communément appeler un beau film, dans le sens noble du terme. Il ne brille pas nécessairement par ses qualités plastiques, ni par l’audace de sa mise en scène. Non, il s’agirait plutôt de se concentrer sur l’un des personnages de fiction les plus connus du monde entier et de le présenter sous un nouveau jour.


A l’heure où le public a encore en tête les cabrioles et blagues (qui ne sont pas du tout celles d’IRON MAN, n’est-ce pas) de Robert Downey Jr., qui, devant la caméra de Guy Ritchie a donné un coup de jeune plutôt bienvenu au personnage (c’est davantage Sherlock Holmes qui joue Robert Downey Jr., mais passons), il est agréable de constater qu’il est encore possible d’envisager une fiction sur le bonhomme plus réflexive, plus calme, et d’autant plus touchante. Le film n’est pas le plus parfait qui soit. Sa narration est parfois brouillonne et les enjeux difficilement abordables. Malgré la sobriété presque trop retenue de la mise en scène, entrer dans le film nécessite toutefois un petit effort. L’avancée de l’histoire pourra également paraître un brin paresseuse pour un protagoniste dont les plus grandes qualités sont justement son esprit si vif et ses raisonnements si sensés. Oui mais.


Un peu à la manière d’un INHERENT VICE, entre autres, MR. HOLMES épouse de façon tout à fait logique la psyché de ce vieux Sherlock de 93 ans. Au crépuscule de sa vie, le personnage se sent encore hanté par son passé. Il est assez passionnant de voir évoluer encore un homme dont les préoccupations sont si personnelles qu’elles peuvent rebuter le spectateur. Car pour Sherlock, il ne s’agit de rien moins que de repartir en quête de l’outil de sa rédemption : la mémoire. Le film est brillant quand il sacralise l’importance du souvenir dans la vie d’un être humain et y rétablir l’imperfection de ce dernier pour mieux faire retentir sa fiction. L’expiation de la vérité est le thème même de MR HOLMES et ce n’est qu’à l’approche du fin mot de l’histoire que son importance entend se faire reconnaître, même pour celui qui, le dos tordu par le poids des années, n’a aucunement l’intention de laisser tomber son ultime affaire.


Mais la plus grande force de MR. HOLMES est son acteur, Ian McKellen. Un peu à la manière du récent et très intéressant REMEMBER de Atom Egoyan, qui mettait en scène un autre géant, Christopher Plummer, MR. HOLMES est un film à la gloire de son acteur principal et rappelle à quels point certains vétérans de l’interprétation peuvent encore offrir une prestation magnifique, amplifiée par leur visage ridé, certes, mais teinté de sagesse. En ce sens, Ian McKellen fait encore preuve d’un charisme et d’une palette de jeu impressionnante. Un rôle qui fera oublier aux spectateurs, une fois de plus, que l’homme a autrefois été jeune. Pas le moindre des tours de force.

martinlesteven
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le 17 mai 2016

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Marty Lost'evon

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