Comptant parmi les derniers du "Nouvel Age d'Or" de l'écurie Disney, Mulan est avant tout une tentative de proposer une fresque épique à la David Lean à nos chères têtes blondes, une tendance qui est allée crescendo depuis The Lion King : des milliers de "figurants" des effets spéciaux, une avalanche...
Et donc pour cette année 98, c'est un poème lyrique séculaire venu de Chine qui va se voir l'honneur d'être adapté. L'histoire de Hua Mu-Lan, qui se déguisa en homme pour rejoindre l'armée impériale à la place de son vieux père, et devint une guerrière de renom.
Mulan démarre sous de bons augures, une animation toujours aussi exigeante, des décors superbes et un chara-design solide... Malheureusement, le film se dirige doucement mais surement sur un écueil qui va plomber l'ambiance.
L’acte II ne s'axe QUE sur "les problèmes d’être une gonzesse" alors que Mulan aurait des tas de choses à apprendre au cours de sa formation qui ne sont pas liées à ça... Mais non : tooooutes les scènes, cracher par terre, se bagarrer, le bain... et les chansons aussi n'évoluent qu'autour de ça. Et «je vais faire de vous des hommes» par ci et «une fille pour qui combattre» par la...
C'est très pauvre, ça rend le film exsangue, et pour couronner le tout ça fait en sorte que la fin, qui est quand même assez réussie et excitante, n'est motivée par rien. Mulan retourne sauver l’Empereur mais rien ne s’est passé pour elle qui lui ait appris sa place dans l’armée, son sens du devoir, etc...
Tout ce qu'on a pour motiver la jeune guerrière est une sorte de deus ex machina qui lui fait prendre conscience que quand vient la fin d'un film il faut prendre les bonnes décisions... Et là, la fin du film marche plutôt bien, le siège de la cité impérial et le combat contre Shan Yu vraiment cools.
Et puis, le discours féministe se dote d'une parure égalitaire, car les hommes doivent à leur tour se déguiser en femmes pour duper l'ennemi et vaincre... montrant aux filles et aux garçons du monde entier que la féminité n'est pas synonyme de faiblesse. Le meilleur symbole de ce propos étant évidemment le moment où Mulan désarme son adversaire à l'aide d'un éventail !
Il est donc regrettable qu'avec un incipit aussi charmant et une fin aussi classe, le ventre du film soit absolument mou et répétitif. Et puis il y a Mushu.
Eerrghgh... comment vous dire ? Mushu les enfants l'adorent et il est très populaire, mais quelle grosse tare au sein du film ! Je ne sais pas si Disney a essayé vainement de faire un truc "à la chinoise" mais en calquant son humour débordant sur celui du Génie d'Aladdin ils l'ont américanisé à outrance et il est toujours là à attirer l'attention, à faire des commentaires oiseux et des blagues potaches de beauf... se démarquant du film comme une tache de gras sur une robe de princesse.
Vivement qu'il y ait un remake et qu'il débarrasse le plancher !