Du cinéma généreux et plein de passion avec des acteurs incandescents et beaucoup d'audace visuelle. Les amoureux de Russell seront comblés, c'est indéniablement un bon cru.
Question audace, Russell ne déçoit pas, avec ce début qui ressemble à une comédie musicale ou ces 12 minutes (presque) sans dialogues où se mêlent les images d'un concert de Tchaïkovski aux pensées des deux personnages (Tchaïkovski et Antonina dans le public) pendant le concerto. On a ainsi l'immense plaisir d'écouter une partie du sublime concerto pour piano n°1, sans doute ce que Tchaïkovski a fait de plus beau (avis perso).
Les amoureux de Tchaïkovski, dont je suis, seront donc aussi comblés. On entend beaucoup sa musique et elle ne sert pas qu'à faire joli; Russell la lie toujours à un moment décisif de la vie du compositeur et à son état psychologique au moment de sa création. J'ai bien aimé la scène du Lac des Cygnes, où l'amant de Tchaïkovski raconte l'histoire du ballet à Antonina, tout en faisant allusion à son insu à la face cachée de son mari.
Visuellement, c'est une splendeur. la photo, les décors et les costumes sont admirables.
Au sein du casting, on remarque plus particulièrement Richard Chamberlain et Glenda Jackson. En dehors du célèbre père de Bricassart dans "Les Oiseaux se cachent pour mourir" et de la tête à claques responsable de l'incendie géant dans "la Tour infernale", je connais mal la carrière de Chamberlain. Il est très impressionnant en Tchaïkovski tiraillé entre son ambition dévorante et son homosexualité réprimée. Il est aussi hanté par le souvenir macabre de la maladie et de la mort de sa mère, l'amour de sa vie. Le film décrit ses relations tourmentées avec les autres femmes de sa vie qui l'ont aimé : sa soeur avec qui il semble avoir une relation quasi incestueuse, une riche mécène qui le laissera tomber quand elle apprendra qu'il est homosexuel et sa femme qui finira folle.
Glenda Jackson fait aussi forte impression dans le rôle très difficile de l'épouse délaissée et très perturbée.