Dans un village turc, bien loin d'Istanbul, 5 sœurs orphelines sont élevées par leur grand-mère. Elles célèbrent le dernier jour de classe en cherchant à se faire tomber dans la mer, juchées sur les épaules de leurs camarades garçons.
C'est déjà trop pour les commères locales, qui reprochent à la grand-mère une éducation trop laxiste. La carte postale va virer au cauchemar.
Les 5 jeunes filles vont être peu à peu emmurées vivantes, enfermées derrière des murs rehaussés et privées d'école, d'ordinateur, de matches de foot (!) et se voir imposer une formation de parfaites ménagères avec tenues assorties (comprendre: les jeans sont remplacés par des robes-sacs couleur marron). Le tout en vue de les marier rapidement -on rappelle qu'elles ont entre 12 et 16 ans environ. Avec, bien sûr, l'épreuve du drap nuptial. Elles vont également tomber sous la férule d'un oncle particulièrement rigoriste et pervers (les deux vont souvent de pair).
Les 5 sœurs vont connaître des destins différents, pour certains dramatiques.
La réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven propose un très beau portrait de groupe et une analyse au scalpel des dérives des sociétés religieuses et patriarcales. C'est le genre de film dont on ne ressort pas intact, et qu'on n'oublie jamais.
Depuis, la situation a encore dégénéré en Turquie, et Istanbul n'apparait plus comme le refuge libéral qu'il était encore en 2015.
Ce film magnifique a obtenu de nombreux prix (4 Césars) et a représenté la France - qui en a assuré l'essentiel du financement- aux Oscars du Meilleur Film Étranger.