De l'amour, de la lumière et la liberté à tout prix.


Dans une société villageoise sclérosée de la très conservatrice Turquie Orientale, cinq soeurs rencontrent le destin que l'on réserve aux femmes dans ce monde marqué par l'honneur et le patriarcat.


Alors déjà le film est superbe, la caméra filme une jeunesse magnifique pleine de lumière et d'innocence lancée dans une vie adolescente à vous faire regretter vos vertes années.


Les actrices sont incroyables, le casting est juste parfait, tant pour les filles que pour l'oncle, dont on reparlera plus tard, et les femmes plus âgées confites de morales.

On y croit à ce petit monde de Trébizonde entre la montagne et la mer.


Le film est pétri d'indices sur les drames à suivre et joue habilement avec l'oeil occidental accoutumé à voir dans les adolescents et de surcroît les adolescentes des êtres un peu stupides et folatres mais encore teintés d'innocence.

Ici pas de bénéfice du doute: le moindre contacte avec un garçon ou une activité jugée masculine et les qu'en dira-t-on se déchaînent et l'honneur est sali.


Le quotidien si lumineux se transforme donc progressivement en prison, d'abord symbolique, puis physique avec les barreaux aux fenêtres, les mariages forcés (ou pas) et la poigne de fer de la morale et de la tradition.


Le film ne tombe pas pour autant dans une critique bête et frontale d'un monde islamique arriéré et brutal qui traite les femmes comme des créatures perfides bonnes à pondre des enfants et à se soumettre, ici c'est la tradition et l'ego d'hommes faibles, la religion n'étant que cosmétique, dans une Turquie où la laïcisation est malgré tout apparente et la lutte pour le maintien d'un prestige familiale et d'un honneur factice qui écrase ces jeunes filles.


Face a l'oppression, des choix sont faits. La soumissions, l'accommodation, la fuite voir pire.

Dans cette descente dans l'abîme de l'aliénation, il y a de la beauté et une ironie parfois terrible entre les tests de virginité que les médecins n'appliquent plus vraiment, ces hommes incapables de maîtriser leurs pulsions les plus basses et craignant la liberté de leurs femmes.


Mais au travers de ces ténèbres, il y a du beau et de la lumière.

Une grand mère qui protège ses filles du courroux du patriarche, la joie simple de la sororité et des hommes bons, si rares, qui permettent une échappatoire.


Des destins de jeunes filles d'autant plus terribles à voir qu'ils nous renvoient à un passé qui n'est pas si loin de nous mais qui ici peut se filmer.


Foncez le regarder!

Cerberus293
9
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le 19 oct. 2025

Critique lue 3 fois

Cerberus293

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