Les US ont un grave problème avec la meth. Ils ne sont pas les seuls. Mais ils ont un réel grave problème avec la meth (entre autres).
Vu d'Europe, on n'a pas forcément conscience de l'étendue du carnage et je précise ce point pour clarifier un des seuls arguments qui font que je mets un 9 à ce film, mais le carnage est énorme. Si on rajoute à cela des consommations d'opiacés légaux sous forme de médicaments, à des doses hallucinantes, on a aujourd'hui une vague morbide d'overdoses et de gens handicapés à vie.
Tu veux croire au rêve américain? Alors ne va pas à Baltimore, ni à Détroit.
Un film sur la drogue, c'est le passage obligé par des chiottes sales, des gueules cassées, des pertes d'êtres chers glauques, des fausses couches ou des enfants mis sous tutelle par les services sociaux...du crade, du sordide.
Ce qui frappe dans Beautiful Boy, même si on a eu le droit à "la scène de chiottes", c'est l'univers propret, douillet, dans lequel évoluent les personnages. Alors évidemment, c'est avant tout un film d'amour, l'amour des parents et beaux-parents et de leurs enfants, un amour fort et réciproque, dans une bulle de la bourgeoisie américaine, de bobos pétris de bons sentiments. On croit donc assister à un énième mélo esthétisé à la Hollywood, et dans un certain sens ça l'est.
Cependant, si je reprends mon postulat de départ, je pense (ou veux croire) que le côté lisse du film, permet à ce qu'il soit tout public, et qu'il serve d'outil pédagogique dans un pays, où le plus tôt possible, les enfants doivent être conscients de la gravité de la chose, et les parents aussi, capables de diagnostiquer, comprendre qu'on a beau tout avoir pour soi, on peut, par amour, par complexe, par n'importe quelle raison absurde, tomber dedans, et quand tu tombes dans la meth, c'est tout de suite du sérieux. Comprendre et c'est bien là le message du film, qu'on n'aide pas le toxicomane en essayant de lui reprocher pourquoi il l'est devenu, ou pourquoi il persiste, ou se reprocher à soi-même d'avoir manqué quelque chose; mais en étant là, avec lui, sans jugement, juste un soutien indéfectible.
Alors pas de gueule dévorée par la drogue, le fils est pâle, il maigrit quelque peu, mais jetez un coup d’œil aux campagnes "before after meth" des polices américaines, et vous comprendrez le désastre, les dents qui se déchaussent, des acnés sévères, des amaigrissements extrêmes, car avec la meth, on n'a plus faim.
Cette drogue synthétisée, il y a déjà longtemps par un chimiste japonais, a été le carburant de l'armée impériale, et de l'armée nazie aussi, pas de faim, pas de sommeil, déshumanisante, parfaite pour de bons petits soldats à qui on demande le pire. Aujourd'hui dans ses versions modernes, elle se répand comme traînée de poudre aux USA, mais chez nous aussi, et c'est une saloperie sans nom.
Alors oui, la pédagogie doit commencer tôt, avec des films tout public et celui-ci en est un parfait exemple.