Napoléon
5.1
Napoléon

Film de Ridley Scott (2023)

Le film fait actuellement l'objet de divisions inévitables, pour ma part, je suis de son parti.

Nous pouvons être unanime sur le fait qu'il ne faut pas s'attendre à un film documentaire s'efforçant de respecter chirurgicalement une page Wikipedia avec des historiens en backup.

Mes connaissances historique sur le sujet sont assez bancales bien que l'histoire de Napoléon me passionne.

Pour ma part, je voulais voir un film d'auteur dans la mesure où derrière le projet se trouve une pointure, Ridley Scott. Sur ce point, je n'ai pas été déçu du voyage. J'ai vu une proposition, peut-être pas celle que j'aurai attendue ou voulue, mais une proposition qui n'est pas contrainte à respecter un cahier des charges d'une boite de production. Fort heureusement Scott Free est la propriété du réalisateur.

Un détail entièrement subjectif qui n'a pas de valeur dans le cadre d'une critique, mais pour une appréciation personnelle : Je ne me suis pas ennuyé une seconde.

Les faits d'armes Napoléoniennes mis en scène ne sont pas nombreux, nous avons:

Le fort de Toulon, L'Egypte, Austerlitz, La retraite de Russie, Waterloo.

Et encore, des inexactitudes grossières dans ces séquences ont dû provoquer des remontées gastriques chez des youtubeurs comme Christopher Lannes et Batailles de France

Les fans seront probablement déçus de ne pas avoir eu droit au Pont d'Arcole, Eylau, Lessling, Iena ou encore Wagram. Une durée de 02h30 impose des concessions. Choisir c'est renoncer.

La présence des personnages secondaires, hormis Joséphine, est très minimaliste.

Murat, Cambronne, Lannes, Ney, ne sont même pas mentionnés.

Qu'en est-t-il du portrait de Napoléon. N'espérez pas une glorification du personnage, pas de mystification vous suscitant une inspiration, un désir de s'élever ou autre.

Napoléon est présenté sous deux aspects.

Il est pragmatique, sûr de lui et froid lorsqu'il dirige son armée durant les batailles, ses plans d'attaques sont millimétrés (Toulon et Austerlitz)

Dans sa vie privée, en revanche, rien de flatteur, l'anti-héro pure et terre à terre. Il est présenté comme un enfant impulsif, au point d'en être ridicule.

Sa relation avec Joséphine illustre ces caractéristiques. Dans les scènes de sexes gênantes mais heureusement courtes dans lesquels Napoléon se croit surpuissant. Il croit que tout lui ai acquis, il pleure quand il n'a pas ce qu'il veut et il n'est pas pris au sérieux.

En dehors des batailles, quant il discute avec ses subordonnés ou autres, ces derniers ont une bonne tenue, tandis que lui manque clairement de classe. Bref, il est infantilisé.

J'ai apprécié cette démarche car, j'ai reconnu la patte de Ridley Scott. Napoléon possède les caractéristiques enfantines semblables à celles de Commode dans "Gladiator".

Qui dit général/empereur, dit Pouvoir et le Pouvoir est la quête d'un enfant car ce dernier ne contrôle pas ses désirs et n'accepte pas quand il n'obtient pas ce qu'il veut.

A l'issue du fort de Toulon, Napoléon est promu général, et Ridley dépeint son personnage comme un homme blasé. Comme si cette honneur n'était pas suffisant, il en veut plus.

Le jour du sacre, en pleine cérémonie, il intervient inopinément pour prendre la couronne pour et couronner lui-même. Une fois de plus, l'impulsivité est percée à jour

Il s'agit d'un personnage en quête de grandeur et la mise en scène le rend petit, les personnages autour font grand à côté de lui.

Au passage, les personnages autour ont peu de dialogues et ne sont pas mis en avant, afin qu'ils servent avant tout de décors laissant napoléon au centre.

La sarcophage plus grand que Napoléon.

Il est face aux pyramides, symboles de la grandeur, ses canons tirent dessus. Scène historiquement fausse, mais nécessaire pour le scénario montrant Napoléon qui n'accepte pas d'être le plus petit.

Les batailles servent d'évolution scénaristiques. On commence par celle du fort de Toulon, séquence dans laquelle Napoléon, au début de sa carrière, pas encore générale, donc au commencement de son personnage, est à la fois pragmatique et impétueux. Il a un plan d'attaque qui fonctionne sans anicroches mais on sent son stress et sa précipitation. Le portrait humanisant d'un anti-héro est établi.

Ensuite vient Austerlitz, stratégie millimétrée, lucidité totale !

La campagne de Russie, sa prestance est en chute, il s'assoit sur un trône vide et crade, petit dans un décor gigantesque, oppressé par cette quête de grandeur et d'ambition.

Enfin nous terminons par Waterloo, le plan d'attaque est toujours là, il consiste à empêcher les prussiens et les anglais de se réunir et de les attaquer séparément. Les imprévus surviennent, la pluie retarde l'artillerie. Jusqu'à là, les batailles ne se présentaient que du point de vue de Napoléon. Cette fois-ci, nous voyons ce qui se passe des deux côtés. C'est inhabituel.

On sent que Napoléon veut rester sûr de lui mais n'a plus le contrôle, il perd de nouveau sa lucidité ainsi que la bataille.

En résumé, c'est une oeuvre de fiction qui donne avant tout un portrait humain de Napoléon. Selon moi, Ridley Scott respecte ses objectifs. Les libertés historiques qu'il s'octroie servent le récit, sa mise en scène est au service du film, les scènes de batailles sont à mon sens très bien faites. Les acteurs ne m'ont pas spécialement transcendé, mais sont parfaitement dirigés.

Un reproche : Les dialogues doublés en français sont bâclés et sonnent très amateurs.

FranCis789
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le 26 nov. 2023

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FranCis789

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