Pour les beaux yeux de Joséphine

NAPOLEON 2023 RIDLEY SCOTT

Il existe des milliers de livres, sur Napoléon et autant de films. La légende Stanley Kubrick n'a pas réussi à réaliser ce qui aurait dû devenir le plus grand film sur le sujet. Après de nombreux réalisateurs, le britannique Ridley Scott entreprend la fresque historique destinés à devenir l'œuvre de référence sur le sujet. Comment un jeune corse méprisé sur le continent va devenir une véritable légende connue dans le monde entier. On y découvre un général Bonaparte courageux, luttant tel un Conan le barbare, aux côtés de ses soldats. Un consul choisi en tant qu'habile stratège. Un amoureux transi, trahi par la seule femme qui saura le tourmenter. Une brute épaisse, macho endurci à la mâchoire carrée. Un empereur tout droit sorti du tableau de David pour son couronnement le 2 décembre 1804. Il aura fallu un réalisateur anglais et l'interprétation d'un Joaquin Phoenix, américain de San José à l'approche de la cinquantaine, pour nous faire réviser l'histoire de France. La scène d'exécution de Marie-Antoinette, empreinte de dignité et de réalisme historique, restera dans les esprits, tout comme les scènes de théâtre populaire et satirique. Le plus impressionnant dans cette fiction basée sur le personnage de Napoleon c'est de constater la décadence de la France d'aujourd'hui - Après la révolution française de 1789, les représentants du pouvoir étaient particulièrement élégants. Les uniformes bardés de dorures représentaient le summum de la mode. Digne de figurer aujourd'hui dans le magazine Vogue. Peut-on imaginer notre président Macron en uniforme Empire? Ou pire, le guignol Mélenchon en affreux Gnafron. Et pan-pan sur la tête à Gros Villain! J'ai également apprécié la parfaite élocution des tribuns dans un langage digne de Voltaire, Molière et La Fontaine. Seul le locataire actuel de l'Élysée peut se targuer de son éloquence. Pour le reste, nous sommes tous devenus des pignoufs débraillés avec des difficultés d'expression, Saurons-nous en prendre conscience et y remédier avec une formation en formation en élégance et en élocution ? Malheureusement, ce n'est pas sûr. Le jeu d'acteur de Joaquin Phoenix (1.73m) est tellement empreint de réalisme historique qu'on en oublie que Napoléon ne mesurait que 1.68 m. On y découvre le taiseux stratège qui ne s'épanche pas en paroles inutiles. Enfin, en tant que spectateur, on met des images sur la bataille d'Austerlitz, la campagne de Russie, la défaite de Waterloo. Il manquait juste l'amiral Nelson! On comprend enfin l'égoïsme, la soif de pouvoir. Le besoin de toujours plus. Napoléon n'est pas un amateur des femmes. Il n'est pas présenté comme un homme politique cupide, fasciné par l'argent. Il aime seulement le pouvoir et l'esprit de conquête. Sur les pas d'Alexandre le grand... Parce qu'il est Buonaparte le petit, ridiculisé раr la seule femme de sa vie qui entrera dans sa légende. Lorsque j'ai rencontré la mienne, je lui ai demandé si elle voulait bâtir avec moi un empire. Napoléon créé le style Empire. Tout le monde a entendu parler de sa retraite sur l'île d'Elbe, puis sur l'ile de Sainte Hélène. Il meurt à seulement 51 ans, les mains tachées du sang de ses nombreux grognards. Avec Ridley Scott, on voit physiquement pourquoi on disait qu'ils servaient de chair à canon. Pour quoi? La courte durée de la réussite! Le film est épique avec des scènes de combats alternant avec des moments passés à Versailles ou dans le château de la Malmaison dans le luxe Empire que l'on reprochait au roi Louis XVI. L'approche éditoriale de Ridley Scott nous ramène à l'enfant mal aimé qui souhaite être admiré dans les yeux de sa Joséphine. Toutes les batailles, toutes ces conquêtes de territoires, c'est seulement pour calmer les angoisses du petit homme pas sûr de lui qui redoute en permanence une trahison de sa femme. Reste la qualité de la photographie du réalisateur qui a démarré avec le film Duellistes qui se passait déjà du temps de Napoléon. Les symboles sont également mis en image. Le jeune corse débraillé au bicorne de travers va l'ajuster pour soigner son image lorsqu'il décide d'entrer dans l'histoire. Voilà donc l'explication ultime. Voilà pourquoi l'homme n'a connu aucune évolution depuis Neandertal, comme le cite le philosophe Raphael Enthoven. Sinon il n'y aurait plus de guerre. On fait la guerre parce qu'on n'est pas sûr de sa sexualité. On viole des femmes parce qu'on est incapable de les séduire. On devient puissant parce qu'on est égoïste et dépourvu de toute empathie. Les guerres et leurs centaines de milliers de morts c'est seulement parce qu'on n'a pas appris comment séduire. Sinon on fait du cinéma. Ou on écrit des livres. Ou bien on va au cinéma pour voir ce film Napoléon, parce qu'il est excellent.