Lors de sa sortie, le film Blade Runner a marqué les esprits. Pas pour une réussite exceptionnelle au box-office (33 M $ pour un budget de 28 M $), mais pour sa créativité, sa poésie, sa noirceur. Le film policier se passait dans un Los Angeles noyé sous les pluies incessantes et des vapeurs étouffantes. En 2019. Pour la première fois, le réalisateur britannique Ridley Scott nous faisait découvrir un futur proche plausible et décadent, une architecture grossière et sophistiquée faite pour durer, une mégapole creusée dans la misère. Les riches en surface et les autres ne voyant jamais la lumière du fond des entrailles de la cité des anges. Un univers imaginé par Alejandro Jodorowsky et dessiné par Moebius pour les premières pages de l’Incal. Un monde dans le déni de l’écologie où les animaux ont tous disparu et les ouvriers sont remplacés par des esclaves mécaniques, les réplicants, des androïdes créés à l’image de l’homme. Des Nexus 6.
J’avais 24 ans lors de la sortie du film, en juin 1982, et Mon fils Pierre a 24 ans en 2017 pour la sortie de sa suite Blade Runner 2049, trente-cinq ans après le premier opus. Il faut se rappeler qu’avant ce monument qui servira de base aux générations futures, la science-fiction n’a pas bonne presse. L’auteur Philip K. Dick a enchainé quinze romans en six ans. Il explique lui-même qu’il publiait des textes écrits à la chaine dans des pulps, des magazines imprimés sur du mauvais papier. Lorsqu’il tapait le mot fin, il enchainait aussitôt avec les premiers mots d’une nouvelle histoire sur une page blanche. La science-fiction au cinéma, c’était Planète Interdite (50’s), La Planète des Singes (60’s), l’Âge de Cristal (70’s). Et le public découvre les films fondateurs : 2001, l’Odyssée de l’Espace, des vaisseaux spatiaux et une philosophie sur l’origine de l’intelligence.Orange Mécanique, un futur entre parents désabusés, ultra violence des jeunes et musique de Ludwig van Beethoven.Star Wars, le premier western de l’espace avec des personnages emblématiques et des effets spéciaux.Il y a eu un avant et un après Star Wars, en 1977, pour la science-fiction. Comme il y aura, en 1982, un avant et un après Thriller de Michael Jackson pour l’univers musical et Blade Runner pour la science-fiction adulte. C’est un polar noir sous les pluies acides d’un futur cabossé. Après Duel au Soleil pour le western, sur les toitures usées d’immeubles décrépis, nous assistons à un duel entre l’homme et ma machine. Avec en toile de fond la question essentielle : Qu’est-ce qui fait notre part d’humanité ?Du cynisme et de la créativité pour une belle histoire d’amour entre l’homme et la machine sur les nappes de musique de Vangelis.
Un film que chacun doit avoir vu pour comprendre les références placées çà et là par tous les réalisateurs d'aujourd'hui dans leurs films. Avec plusieurs versions. Dont le fameux Director's Cut.