Vous aimez Natacha, l'hôtesse de l'air belge de la compagnie Bardaf, sûre d'elle, flegmatique, aimable mais adepte des arts martiaux, élégante, impeccablement vêtue de son uniforme bleu et or, jupe, calot et talons aiguilles assortis et son univers atemporel et loufoque, sa galerie de personnages haut en couleur comme Walter, sorte de mélange entre Gaston Lagaffe et le père de Boule et Bill, le Commandant Turbo, clope et "J'ai déjà vu ça !" au bec, sa grand-mère, pionnière de l'aviation, les nombreux gangsters au visage de Maurice Tillieux, les caméo de Maigret, Columbo, et bien d'autres, et ses aventures plus folles et aventureuses les unes que les autres ?
Si oui .... ce film n'est pas fait pour vous ...
Oui, je sais... c'est paradoxal ... adapter une BD mais pas pour ceux que cela intéresse ...
tout un concept ...
Ici, c'est Natacha Malo (chamalow oh oh oh, qu'elle est bonne ! La blague, hein ? Pas ...), hôtesse de l'air française de la ligne France Atlantic , tantôt ingénue au sourire bécasse, tantôt grande émotive très adulescente, tantôt même féministe braillarde, femme forte plus en paroles qu'en actes, môme désagréable et adulte contestataire, à l'élégance bancale, vêtue comme en cosplay rouge et blanc au textile jogging au haut façon crop-top, calot rouge et longues bottes de cuir blanches, qui évolue dans un univers très très étrange mi-sixties mi-années 2015-2020 (vous savez celui, favori et favorable, à la réécriture woke ou simplement gauchiste ... oui, même là, certains ne peuvent s'empêcher d'imposer leurs discours politiques, et vraiment pas subtilement, d'ailleurs) avec sa galerie de personnages plus grotesques les uns que les autres, entre le Walter méditerranéen, Didier Bourdon en caricature très orientée et très transparente d'André "Mollart" Malraux réduit à un aspect sombre de l'ensemble de sa biographie, Isabelle Adjani en Joconde vivante et aux yeux bleus, les parents de Natacha, caricature d'épinal gauchiste des parents des années 60, plus présent en un film que ceux de la vraie Natacha en 24 tomes, un narrateur métadiégétique qui casse le 4e mur à la Deadpool sans arrêt et qui se décrit lui-même comme un homme de plus de 40 ans qui a besoin de prouver en quoi il est plus utile que les femmes, et ... accessoirement un Commandant Turbot convenable mais qui ne fait qu'un caméo fade sans fredonner son petit air bien connu de 5 mots ...
Ici, l'aventure n'est que toile de fond et prétexte à quelques gags dont la qualité pâlit face à ceux de Walthéry et surtout, comme on dit dans les milieux où évolue Noémie Saglio, réalisatrice de cet étron, "LE MESSAGE" !!!!
Car tout est néo-féminisme bien crasseux et bien désagréable et on trouvera dommage que quelques bons gags, quelques musiques sixties, le fameux Jacques qui constitue la seule bonne surprise du film dans un esprit qui eût pu être celle des BD, ainsi que le cabotinage jouissif de Bourdon, Adjani et la tendresse finale de Luchini en caméo ne parviennent à faire oublier cette triste tendance ambiance dont certains pans ne seront pas sans rappeler les extraits tristement célèbres de Toutes pour une - si Presque Natacha fait mieux que les 9 407 entrées de son modèle, il n'en épouse pas moins le destin funeste de four, fours expliqués par cette tendance maladroite et sexiste.
C'est que cette Natacha est au BD ce que la Barbie de Gerwig est à la poupée et ses aventures en animés 3D, une itération inintéressante car totalement hors-sujet, privilégiant une propagande sexiste à de vraies aventures palpitante et détournées des nombrils et des sexes.
À voir ce Natacha presqu'hôtesse de l'air, on se sentira plus Belge que l'on ne se sent Français ... voire, en l'occurrence néo-Français non canadien ... et on privilégiera le 9e art au 7e, en allant lire Chanson d'Avril, l'excellent dernier tome en date des aventures de la célèbre hôtesse de l'air.