A la vue des quinze premières minutes de Ne te retourne pas, on pourrait être tenté de ranger le deuxième film de Marina De Van dans la catégorie navet. Mais ce serait refuser de se laisser emporter dans un lent tourbillon malsain, un mauvais rêve éveillé nous entraînant aux confins d’une mémoire abîmée.
Ne te retourne pas est le récit d’une décomposition menant à une renaissance dans la douleur. Un glacis de superficialité gênant (l’inexpressivité de Sophie Marceau, des atours de téléfilm) se fissure insidieusement dès les premières minutes. La beauté de Jeanne (Sophie Marceau donc), de son mari, de ses enfants, de son appartement parisien, sont très vite mis à mal par un refus brutal : Jeanne se fait humilier sans ménagement par un ami éditeur qui refuse de publier son premier roman autobiographique. A ce stade Ne te retourne pas pourrait s’apparenter à une énième satire grinçante de la bourgeoisie façon Caché (Haneke). Mais Marina De Van prend vite un autre chemin et son obsession de la chair (mise à nu dans le dérangeant Dans ma peau, sept ans plus tôt) prend le dessus. Pour une raison obscure Jeanne ne se reconnaît plus, et ne reconnaît plus ceux qui l’entourent. Son visage, comme plus tard son corps, se déforment jusqu’à devenir proprement monstrueux.
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