En 2007, Jacques Rivette alors âgé de 78 ans, sort son 20è long métrage. Ce sera aussi son dernier. Le réalisateur de la nouvelle vague décide l'adapter La Duchesse de Langeais de Balzac.
Antoinette de Langeais (Jeanne Balibar) est une femme mariée qui vit dans une maison différente de celle de son mari et qui reçoit dans son salon. Il semble qu'elle aime à être courtisée, tout en gardant le contrôle. À l'époque on appelait une femme comme cela une coquette, aujourd'hui on dirait une allumeuse. Elle jette son dévolu sur le jeune général de Montriveau (Guillaume Depardieu), héros de guerre dont parle le tout Paris. Cela ne prend pas longtemps pour que Montriveau tombe sous son charme. Mais il est un homme de guerre, un rustre, et il n'a pas grand chose à lui dire durant leurs entretiens, bref, il n'est pas homme à faire la cour pendant des jours, il veut une victoire rapide et facile. Or, c'est exactement l'inverse qui semble intéresser la Langeais : elle aime être désirée, et donc se faire courtiser, jouer aux jeux de l'amour ... Or, pour cela, elle a donc choisi la mauvaise personne.
Rivette, semble-t-il, reste assez fidèle au livre, bien qu'il ne choisisse qu'en montrer qu'une partie, et pas des plus intéressantes. Il commence par la fin en nous montrant la duchesse cloitrée dans un couvent en Espagne, où vient la trouver Montriveau. Puis c'est un retour en arrière pour nous montrer comment on en est arrivé là. Pourquoi pas. Mais ensuite, l'histoire peine à avancer. La reconstitution de l'époque est, il faut le dire, assez cheap. Depardieu fils qui peut pourtant être beau parfois, est montré assez laid dans ce film : c'est simple, il ressemble à un rat. Il mange souvent son texte et on ne comprend pas toujours ce qu'il dit. Texte, qu'en général les comédiens disent d'une manière assez théâtrale, et peu naturelle. Mais il n'est pas un si mauvais choix, me semble-t-il pour le rôle. La Balibar, quant à elle, âgée de 3 ans de plus que Depardieu, m'a semblé un choix terrible pour le rôle. N'étant pas si vieille que cela, elle semble défraichie avant l'heure. Surtout dans ce film. Même ses vêtements sont fades et on se demande comment une passion pour cette femme peut naitre dans l'esprit de cet homme blessé. La manière dont elle joue ne semble pas du tout correspondre aux gestes et manière de l'époque. Bref, les deux comédiens principaux ne sont pas excellents. Il n'y a guère que Piccoli qui ait une véritable présence et donne corps à ce film, juste et presque captivant dans toutes ses scènes (alors que c'est loin d'être le cas pour les deux autres). L'ensemble du film est donc parfaitement barbant. Je vous conseille de le regarder en 3 fois, comme trois petits épisodes d'une série, car sinon vous aurez du mal à tenir sur la longueur. Il y a peu de péripéties, et les dialogues sont peu intéressants. Il n'y a même pas véritablement d'intrigue amoureuse. De plus, et c'est là où le bat blesse, Rivette choisit de nous montrer des choses parfaitement inutiles (comme un bâtiment longtemps avant qu'un fiacre passe en dessous, où l'extérieur d'un bâtiment où il y a une fête) faisant trainer inutilement le film en longueur.
De plus, il a peu de choses drôles. La seule scène que j'ai trouvée drôle est celle où les deux amis de Montriveau (dont je n'ai pas retenu le nom) passent la soirée avec lui à discourir, que lui, maussade et plongé dans ses pensées ne les écoute pas, et qu'ils parlent des mots à la mode de l'époque. Ils reviennent notamment sur le mot "étourdissante" puis "il y a du drame dans cela", expressions qu'ils répètent à l'envie, créant un comique de répétition qui fonctionne. Le ton avec lequel les comédiens les prononcent est très juste et on aurait aimé en voir plus.
Le tout aurait pu tenir facilement dans un film d'1h30 si ce n'est moins. Bref, encore un film d'époque raté qui nous montre encore que les réalisateurs de la nouvelle vague ne sont pas les meilleurs pour adapter de grandes œuvres du passé.
3,5/10