Bien que Neds soit un sujet original, j'ai du mal à ne pas y voir quelque chose de personnel pour le réalisateur Peter Mullan. D'abord, il a écrit le scénario. Ensuite, il raconte comment un adolescent, sorti avec réussite de ses études au collège en 1973, va voir son avenir scolaire s'assombrir d'une part parce qu'il est considéré comme trop intello, et ensuite parce qu'il a un grand frère incarcéré dont l'influence fait qu'il est en quelque sorte protégé. Et surtout, il vit dans un Glasgow très sombre, où les gangs d'ados règnent en maitre. D'où la pente descendante que ce jeune homme, John, va prendre...
Pour revenir à Peter Mullan, il a l'âge où il aurait vécu probablement ces évènements, sauf qu'il s'en est bien tiré avec le cinéma et le théatre, mais il joue aussi le rôle secondaire mais capital du père violent et alcoolique, une forme de catharsis ? Tout cela pour dire que j'ai trouvé le film très efficace, porté par son excellent acteur Conor McCarron qu'on voit s'endurcir en se confrontant à des épreuves toujours plus difficiles alors qu'il était au départ doux comme un agneau. Mais la violence de son école, des quartiers, vont le faire basculer dans les Neds, c'est-à-dire des frappes juvéniles de Glasgow. Le film est assez peu complaisant sur la violence qu'on voit, il faut chercher dans les dernières minutes une once d'espoir dans cet univers d'une grande noirceur.
Si j'aurais une chose à reprocher au film, c'est dans la reconstitution de l'époque, que je ne trouve pas très bien gérée, car on dirait que c'est de nos jours, sauf qu'ils n'utilisent pas de portables, alors que c'est dans les années 1970, avec une image un peu trop léchée pour faire croire que c'est une reconstitution. Ou du moins que ça vienne du passé. Mais c'est pas grand chose face à la réussite de ce troisième film signé Peter Mullan, acteur très efficace, et qu'on regrette de ne pas voir plus souvent derrière la caméra.