Étonnée par les notes inhabituellement basses attribuées à un film d’horreur traitant du diable, du mal et d’un serial killer, alors que, contrairement à bien des critiques de livre expéditives du fameux gang des 4 èmes de couverture, celles-ci semblaient émaner de spectateurs ayant réellement vu le film, j’ai voulu me faire ma propre opinion.
Et j’ai compris.
Reposant presque entièrement sur des dialogues, le film exige une certaine connaissance du christianisme, religion qu’il faut bien admettre, n’est plus guère enseignée. L’ignorance du public a sans doute engendré un ennui abyssal face aux références bibliques et théologiques, aux notions abstraites mobilisées. On vient voir un film d’horreur pour frémir, pour jouir du spectacle du mal, un mal inoffensif puisqu’il n’est que fiction, et l’on se retrouve face à du latin, à des citations de la Bible : pour le spectateur moyen, c’est une trahison insupportable.
Mais le plus dérangeant, c’est que le film ose aborder des idées — oui, des idées, quelle audace ! — qui bousculent une doxa aujourd’hui intouchable.
L’euthanasie ? Ce n’est pas aider quelqu’un à mourir, c’est respecter sa liberté, son choix, dit-on. L’avortement ? Ce n’est pas la mort d’un être humain, mais l’exercice d’un droit, d’une autonomie sur son corps. Le fœtus, d’ailleurs, n’est pas une personne, l'avortement, ce n'est certainement pas tuer un être humain avant sa naissance, un « foetus » ne ressent rien, c'est un peu comme les animaux pour certains, ils n'ont pas de sensibilité, donc pas besoin d'anesthésie, ; le droit le dit, alors pourquoi douter ? Tout cela est admis, intégré, sanctifié. Ce ne peut donc être le Mal, même un mal nécessaire, c’est devenu, pour beaucoup, le Bien.
Or, dans un film d’horreur, que cherche-t-on ? Du sang, de la souffrance, des scènes répugnantes. Ici, il n’y en a qu’une seule, et encore ! Elle nous ferait presque douter de la peine de mort, cette exécution qu’on attend comme une juste revanche. Comme ce spectateur du film, chasseur de serial killer, qui pense enfin obtenir réparation en voyant le condamné griller lentement... jusqu’à ce que le dégoût se mêle à la satisfaction...
Ces notes basses s’expliquent donc aisément : un tel film choque l’amateur du genre. Et, pour être honnête, même si les acteurs s’en sortent honorablement, ce n’est pas un grand film. La fin est un peu facile. Mais la médiocrité, on la pardonne volontiers quand elle nous caresse dans le sens du plaisir, pas quand elle nous met face à nos contradictions.
Pour ma part, j’ai trouvé le film intéressant, singulier, à contre-courant, comme je les aime. Il délivre un message rare et dérangeant : le monde est habité par le Mal… mais encore faut-il croire au Bien pour le reconnaître...
On veut bien se divertir du Mal ; mais si, pour cela, il faut admettre aussi l’existence de Dieu… où va-t-on ?