Nerdland
6.2
Nerdland

Long-métrage d'animation de Chris Prynoski (2016)

Des choses gentilles à dire sur ce film

Un peu buddy movie, un peu stoner movie, Nerdland, c’est, pour faire simple, l’épopée de deux adulescents -« 30 is the new 12 »- branleurs sympathiquement crétins (Patton Oswalt et Paul Rudd) prêts à tout et surtout n’importe quoi pour accéder à la célébrité et se faire plein de meufs ou du moins deux (Kate Micucci et Riki Lindhome). De la gloire proposée par le show business à la célébrité plus accessible de la tuerie de masse en passant par internet et son vivier de followers, Elliot et John vont tout explorer de manière réfléchie.

Et c’est le plus drôle justement, chaque plan à la con fait précisément l’objet d’un raisonnement construit et chaque échec nourrit une réflexion puis un ajustement débile débouchant sur un nouveau projet à la con. Le projet de tuerie de masse est éloquent dans la mesure où nos deux héros prennent les choses à l’envers : les tueurs de masse/en série sont célèbres, pour être célèbre, il suffit donc de commettre une tuerie de manière totalement gratuite... (le motif est, soit dit en passant, de plus en plus récurrent dans des cas de meurtres de masses). Ils vont en guise d’entraînement s’enfiler une compil’ d’images dégueulasses parce que, c’est bien connu, les films et les jeux vidéos rendent violent, avant de s’inviter chez leur voisine mamie gâteau, parce que, c’est bien connu, on se fait d’abord la main sur les personnes qu’on connaît. Le truc, c’est que malgré leur savoir théorique, Eliott et John ne sont pas des tueurs, et jusqu’au moment de passer à l’acte, ils ne se sont jamais posé la question... et demander à la grand-mère si elle ne serait pas mieux aux côtés de son mari décédé pour se rassurer n’y changera rien. Ils passeront donc à autre chose.

Le procédé narratif pourrait être répétitif, sauf que Chris Prynoski ne multiplie pas les exemples. Les projets de Eliott et John sont juste assez nombreux pour témoigner de leur opiniâtreté, qui les rend aussi attachants qu’elle les fait s’enfoncer toujours plus profondément. Il y a une gradation dans la destruction et dans l’autodestruction qui les mène à fuir un programme de protection des témoins qui les condamnerait à l’anonymat et plutôt choisir le risque que constitue la famille mafieuse qu’ils gênent.

Si en termes de narration, ça fonctionne, c’est aussi parce que les personnages sont particulièrement sympas, d’autant plus attachants qu’ils sont pleins de défauts et peuvent potentiellement, et plus ou moins volontairement, être dangereux. Incapables de se faire des high five sans se frapper mutuellement le visage, ils s’inscrivent dans une famille dont le spectre englobe Dumb and Dumber, Beavis et Butt-Head dont le style graphique un peu aigu/anguleux peut être assez proche, ou encore Workaholics et partagent un certain type d’attributs : poupée gonflable rafistolée de partout, déguisements de hippies, voiture raide aux reflets brun rouille, canapé moelleux dont l’apparence seule attaque les narines... C’est classique mais, en l’occurrence, ça fonctionne.

Niveau casting, c’est au diapason, Paul Rudd, tout en sobriété accentue le côté faussement terre à terre de John, Patton Oswalt dont la voix est assez reconnaissable donne ce qu’il faut d’un peu geignard à Eliott, côté copines, on sent le tandem Lindhome Micucci se faire plaisir dans le registre bêcheuses superficielles. De la même manière que les voix collent parfaitement aux personnages, leur apparence, d’un point de vue graphique, est le parfait reflet de ce qu’ils portent. C’est de l’ordre de la caricature, mais là encore, ça fonctionne.

Plus largement, Nerdland est graphiquement très efficace. L’animation est fluide, les personnages sobres mais expressifs, quant à la palette de couleurs un peu délavées utilisée, elle pose aussi bien une atmosphère suffocante qu’elle traduit l’envers l’idée d’un rêve californien toujours plus délabré et d’une Los Angeles rance que les magazines people et media grand public feignent d’ignorer et du même élan contribuent à alimenter en faisant de la célébrité le seul accomplissement d’une vie.

Sans renouveler forcément quoi que soit, ni en terme d’animation, ni en terme de propos, Chris Prynoski propose néanmoins avec Nerdland un petit film de potes plutôt efficace et équilibré, tout à la fois drôle, tendre et acide.


Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/nerdland

Ou sinon, je regarde juste les 45 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool


Personnage > Agissement

Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Coolitude > Ado/jeune qui fait de l’air-guitare – Course-poursuite > Défonce volontairement un portail avec son véhicule – Passion > Se fait draguer – Se regarde dans un miroir > contemplation – Se regarde dans un miroir > Introspection, reprise en main (films à corriger) – Stylé > Attrape une mouche en plein vol à mains nues ou la tue d’un lancer de couteau

Personnage > Caractéristique

Aspirant cinéacte qui propose son scénario à des professionnels/célébrités – Passion > Nul en drague

Personnage > Citation

Exprime du soulagement > « Bingo ! »

Personnage > Héros ou héroïne

Fibre héroïque > Discours qui redonne le courage dans un moment désespéré

Personnage secondaire

Meute compacte de journalistes

Réalisation

Reconstitution introduite à la lecture d’un journal, au partage d’un récit... – Démarre sur les chapeaux de roues – Écran partagé – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Plan > Inserts d’images de caméscope/smartphone/d’écrans de télé/vidéosurveillance – Vue subjective > Jumelles... avec deux ronds bien dessinés – Vue subjective > Plan œilleton – Woosh > Mise en scène

Réalisation > Accessoire et compagnie

N’importe quoi > Explosion injustifiée

Réalisation > Audio

À voix haute > Prononce les mots qu’il est en train d’écrire – Bruit exagéré > « Sluuurp » – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Habillage sonore > Il y a toujours des téléphones qui sonnent dans les scènes de commissariat

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Comique de répétition – Coup dans les couilles (gag) – Gag cartoonesque > Pantalon qui craque au niveau des fesses en se penchant – Gag cartoonesque > Personnage noirci ou aux vêtements déchirés de manière artificielle après une explosion – Pipi, caca, prout – Quiproquo sur l’identité des personnages – Ronflements – Surpris·e dans une position gênante

Scénario > Dialogue

À voix haute > Se parle

Scénario > Élément

Est calé·e sur la fréquence radio des flics – Gifle de femme outrée – Merci, Captain Obvious !

Thème > GI Joe

Ordonne > « Go, go, go ! »

Thème > N’importe quoi

Carton-pâte > Tape aléatoirement sur un clavier d’ordinateur – Scientifiquement non prouvé > Reflet limpide dans la lame d’une épée

Thème > Rejets, moqueries ou discriminations

Grossophobie – Stéréotype physique lié à un métier

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Harcèlement ou agression sexuelle > Culture du viol – Objectification sexuelle > Nichons, fesses – Objectification sexuelle > Reluque une femme

---

Barème de notation :

1. À gerber

2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées

3. On s'est fait grave chier

4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là

5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas

6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu

7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème

8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème

9. Gros gros plaisir de ciné

10. Je ne m'en lasserais jamais

IncredulosVultus
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sur l'amitié masculine et Prends l'oreille et tire-toi

Créée

le 11 déc. 2024

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