Après s'être attaqué à la délibération d'un juré, au biopic d'un flic intègre, et d'un braqueur de banque maladroit, Sidney Lumet nous propose une incursion corrosive dans l'univers des médias dans lequel les maîtres-mots sont l'argent et l'audimat.

Le récit nous plonge au centre de la chaîne UBS News qui compte se séparer de son présentateur Howard Beale, chose inacceptable pour cet homme qui ne vit plus qu'à travers ça.
Sa réaction est radicale, en annonçant qu'il ne lui reste plus que deux semaines à l'antenne, il rajoute que le Mardi suivant il se suicidera en direct. D'abord abasourdi et mettant du temps à comprendre ce qu"il venait de dire, Howard est évacué laborieusement par la production. Cependant constatant le pic d'audience engendré, les dirigeants de la chaine le laisseront s'exprimer le lendemain, quitte à façonner ce pion sur l'échiquier géant de l'audience.

Précurseur du genre, Network nous montre l'immondice derrière les paillettes, ces personnes cachées derrière l'écran qu'on ne voit jamais, mais qui prennent les décisions. Une vision cynique qui nous balance en pleine figure, avec quelle facilité, et sans une once d'émotion, on peut jouer avec la vie d'autrui, du moment que ça rapporte de l'argent. De quelle manière on peut utiliser un homme malade, dépressif et instable. Pour l'exploiter, l'essorer jusqu'à la dernière goûte et s'en débarrasser une fois qu'il ne rapporte plus rien.

Pour donner vie à ces personnages, il fallait un casting solide. Les regrettés William Holden et Peter Finch ainsi que la belle Faye Dunaway (quand elle avait encore forme humaine) campent les trois personnages principaux avec brio.
Mention particulière pour Peter Finch qui nous offre un vrai récital dans ce rôle de pseudo prophète.

Je ne connais pas suffisamment la filmographie de Lumet, mais si je devais faire une analogie simpliste et bancale. J'évoquerais rapidement que le thème de l'obsession revient fréquemment chez ses personnages. Ce juré obsédé par la possible innocence condamné à mort bien trop tôt, ce flic obsédé par la corruption, ce braqueur de banques obsédé par l'opération de son mari. Et enfin cette femme campée par Faye Dunaway, obsédée par sa vie professionnelle qui finit par totalement perdre pied à force de mélanger réalité et fiction.

Pari gagnant pour Sidney Lumet, qui avec sa réalisation soignée sans fioritures comme de coutume, ses personnages riches et bien écrits, nous donne l'opportunité de plonger dans cet univers exécrable. En découle, ce final glaçant qui donne froid dans le dos...
Kobayashhi
8
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le 2 août 2013

Modifiée

le 2 août 2013

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