Un premier film au sujet original et intéressant mais pas toujours abouti malgré ses fulgurances.

Un premier film prometteur. Assez singulier dans sa création puisqu’il se déroule aux Etats-Unis dans un cadre cinématographique très américain (prison et grands espaces) et qu’on le doit à une jeune comédienne française habituée aux seconds rôles et désormais installée à Los Angeles, Laure Clermont-Tonnerre. Elle croise deux sous-genres mythiques du septième art américain en mélangeant le film carcéral avec un simili western dans un drame sur la rédemption par l’équithérapie, ce qui signifie soigner un mal-être par le contact avec les chevaux. Ici donc un moyen de réhabilitation pour des détenus. Un sujet très ciblé, à la fois instructif et plutôt méconnu, pour une première œuvre intéressante mais pas toujours aboutie.


Cependant, si le sujet est plutôt passionnant, il reste traité en surface et ce n’est pas un encart explicatif en début de film qui va changer la donne. En résulte un sentiment de frustration et un constat d’insuffisance narrative, on aurait clairement aimé en savoir plus sur le sujet. Mais, surtout, on aurait adoré apprécier encore plus « Nevada ». Le film n’en demeure pas moins courageux et tisse des liens souvent subtils mais pas assez approfondis entre l’homme et l’animal, en l’occurrence ici entre le prisonnier et le cheval, deux forces sauvages qui vont s’apprivoiser dans une relation rédemptrice. Il y a un manque cruel de ces scènes-là au profit de scènes de prison déjà vues et parfois empreintes de quelques poncifs. Le long-métrage souffre d’un manque d’ampleur et la poésie ou les envolées lyriques permises par le sujet sont aux abonnées absentes.


Malgré tout ça, « Nevada » est bourré de qualités éparses en dépit de ses défauts très visibles. Notamment, même s’il nous a déjà joué ce type de rôle taciturne (en mieux même) qui lui vont si bien, Matthias Schoenaerts est encore une fois impérial. Mutique et massif tel un roc en apparence, brisé et fragile à l’intérieur, sa sensibilité explose lors d’une scène à forte teneur émotionnelle avec sa fille au parloir. Son talent est montré dans toute son étendue lors de cette scène poignante. Mais son personnage a tendance à rester parfois trop opaque pour que l’on s’y attache véritablement. « Nevada » offre aussi de sublimes séquences de dressage, sur ce point c’est un sans-faute, et de superbes plans sur la Sierra Nevada. Il réussit donc à se soustraire aux carcans du banal film de prison et insuffle une énergie contemporaine au western mais il ne se donne pas toujours les moyens de ses ambitions.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 29 août 2019

Critique lue 84 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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