Un an avant son délit, Philippe Lacheau faisait déjà le tour des plateaux pour assurer la promotion de son film en se présentant comme un fan transi de Ryo Saeba et de son univers. Voilà, qui, en général, sent rarement la rose, pour tout vous dire.


Car mettre en avant la caution de l'amour du matériau d'origine afin de vendre sa propre soupe, qui aurait par ailleurs été soumise à Tsukasa Hojo en personne pour acheter à moindre frais un blanc-seing, a tout de l'alibi.


Qui servira aujourd'hui à faire gober les pires trahisons sous le couvert d'une nostalgie qui a tout de l'amnésie, d'un caractère régressif en forme de lamentable instrumentalisation.


Car j'ai eu beaucoup de mal à retrouver, avec ce triste Parfum de Cupidon, ce qui faisait le charme du Nicky Larson originel, qui ne sert plus aujourd'hui qu'à satisfaire un narcissisme dérisoire tout droit issu d'un caprice filmé comme un cosplay fauché, qui subvertit son matériau au rire crétin et gras d'une bande à Fifi que l'on fait travailler périodiquement histoire de les arracher aux affres de l'ANPE spectacle.


On ne pourra pas expliquer autrement nombre de rôles inutiles, seulement portés à l'écran pour donner aux membres les plus éminents de la bande de quoi manger pour leur éviter (sans y réussir) le délit de mendicité. A ce titre, les yeux de poisson rouge de Tarek Boudali n'auront jamais semblé aussi consternants et hors-sujet que dans ce film-là.


La trahison se muera même en bêtise crasse étalée à l'écran, tant le personnage de Nicky Larson est passé à la moulinette de "l'humour" pathétique habituel de cette dangereuse association de malfaiteurs, dont on croit à l'issue de chaque scène qu'ils ont enfin touché le fond, avant de se rendre compte à l'occasion du mauvais gag suivant qu'ils continuent à chercher ardemment du pétrole. Il ne s'agit donc à presque aucun moment d'une adaptation de Nicky Larson, mais plutôt d'une honteuse usurpation d'identité, histoire de profiter de l'aura du phénomène Lacheau pendant qu'il l'est encore.


Et peu importe les guest stars de plus en plus improbables qui n'ont rien à faire là, les clins d'oeil les plus appuyés et autres coups de coude dans les côtes à chaque référence lourdement portée à l'écran, ou encore ce qu'on ose appeler encore un scénario, pourvu que cela serve consciencieusement la soupe à sa figure de proue. Et quand cette dernière s'aventure même à singer, le temps d'une très courte scène de baston, le principe moteur animant Hardcore Henry, on se dit que Lacheau a définitivement divorcé du matériau qu'il ambitionnait pourtant d'adapter pour sombrer dans le n'importe quoi je-m'en-foutiste et la satisfaction de ses petits caprices au détriment d'un quelconque respect de sa licence.


Et ce n'est pas un éclair final arrivant bien trop tard qui sauvera l'entreprise. Une seule scène d'étreinte avec un fusil d'assaut ou enfin, Lacheau et sa clique se montrent un tant soit peu respectueux du personnage et de sa relation avec Laura, qui plus d'une heure trente de métrage durant aura été dénaturée, lessivée, outragée.


Et je crains, au vu de la note stratosphérique proprement incompréhensible sur le site, que la chanson du générique en version française n'ait vu juste dans ses paroles :


♫ ... Et comme un démon il sourit. Son crime restera impuni... ♪


Behind_the_Mask, qui a reçu un sacré coup de massue.

Behind_the_Mask
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le 19 juil. 2021

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