Nightshot
5.2
Nightshot

Film VOD (vidéo à la demande) de Hugo König (2018)

Night Shot est pour moi une grande surprise et un véritable coup de cœur horrifique. C'est un film d'horreur en found footage (métrage trouvé), genre qui consiste à regarder uniquement les éléments filmés par les personnages du film. De plus le film est un plan séquence ayant nécessité 7 nuits de tournage à raison de 2 prises par nuit, ce qui en fait un défi technique réussi.


Reprenons son déroulement.


Une youtubeuse et son cadreur s'approchent du Sanatorium d'Aincourt, dans le but de faire un urbex dans un lieu prisé. Déjà, les caractères sont posés, mais l'ambiance aussi. On sait que cet endroit sera délabré, qu'il y aura probablement du monde à croiser (les urbex étant très populaires en France), et surtout que le film va prendre son temps.


Le duo entre facilement dans le bâtiment, et commence une exploration très calme. La youtubeuse, jouée par Nathalie Couturier, explique l'histoire du Sanatorium, son architecture, mais aussi la légende d'un médecin fou meurtrier passionné par les femmes enceintes. Cette légende urbaine n'est pas surprenante dans le contexte d'une vidéo youtube d'urbex, ce genre d'histoires étant fréquent dans ces vidéos.


Petit à petit, des éléments étranges vont intégrer le film. Une porte qui tombe seule dans le fond, une boite à musique qui traîne, des bruits au loin. Tous ces éléments semblent anodins dans la vie réelle, explicables, et sont traités ainsi dans le film. L'incrédulité amène à rationaliser. Et doucement viens la scène où, dans un couloir,


une porte s'entrouvre et se ferme seule, doucement, et en boucle.


Ce n'est pas comme dans la plupart des found footage où ça arrive une fois, dans le fond, et laisse planer beaucoup d'interrogations. Là les protagonistes ont le temps de s'approcher, de regarder de près, de ne pas comprendre. Et c'est eux qui prendront la décision de se détourner de cet élément, en rationalisant encore, bien plus difficilement.


Nathalie Couturier joue très bien la youtubeuse qui se rassure clairement en parlant à ses abonné·e·s. Ces cours moments nous ramènent hors de l'ambiance horrifique, ancrent les personnages principaux dans notre monde, celui dans lequel tout cela est étrange et n'est pas attendu.


Après plusieurs évènements de plus en plus surnaturels tels que


une table de ouija qui bouge toute seule, un fauteuil roulant qui bouge tout seul, ou alors un bruit assourdissant tellement inexplicable qu'il n'en sera plus fait mention,


le duo décide de partir et se perd dans le Sanatorium. Et chose incroyablement réussie, nous sommes perdus avec eux. On les vois descendre les étages et pourtant ne pas atteindre le bas du bâtiment, se perdre dans des couloirs sans issue, et enfin arriver dans des chambres malsaines, où ils seront séparés.


Le passage où le caméraman est seul est formidable. On le suit en train d'avancer dans le bâtiment, cherchant son acolyte. Le silence est assourdissant, les minutes passent et l'angoisse monte. Et alors là, la scène du couloir. Pendant qu'il avance dans ce long couloir, entre deux coups d’œils à la fenêtre,


le couloir se renverse, le caméraman avance en marchant au plafond, et semble ne même pas s'en rendre compte.


Cette singularité au milieu de ce silence, de cette solitude, donne un grand vertige. On est perdus comme l'est le caméraman.


Le duo se retrouve, avance vers une possible sortie, et tombe sur un cadavre. Point critiqué du film:


La caméra passe d'un noir et blanc, Night Shot, à un affichage couleur, nous montrant le rouge épais de la flaque de sang, l'humidité du lieu, et la couleur de ces tags qu'on voit depuis le début.


Et ça marche, ça marche parce que ce n'est pas la volonté du caméraman, parce que là où ces personnages ont déjà été ancrés dans notre monde, c'est au tour de leur monde de venir s'imposer à nous. Et l'angoisse monte.


Le duo continue, se retrouve proche de là où il était entré, et


se fait coincer par le médecin fou de la légende urbaine. Le caméraman prends un coup, la caméra est au sol, et on voit le médecin ouvrir le ventre de la youtubeuse de force et manger son fœtus.


La scène, bien que peu inventive, est un bon climax suite à toute l'angoisse qui a été développée le long du film. Le caméraman se relève et s'enfuit, et la fin vient.


Ce film est donc très bien écrit et réalisé, enchaînant les effets tout à fait logiques dans le contexte du found footage qui a pour rôle d'ancrer les personnages et leur monde dans le réel. Contrairement à d'autres films d'horreurs, l'angoisse se fait en une seule longue fois, ne subit pas de redescente, et ne laisse pas de répit au spectateur. Le format plan séquence permet lui aussi de faire monter la tension, aucun montage n'apportant ses codes pour laisser prévoir quand l'étrange surgira.

Hostamir
9
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le 24 juil. 2020

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