Après Violent Shit III Infantry of Doom qui a mené son réalisateur au sommet du splatter underground allemand, Andreas Schnaas s'est senti pousser des ailes et des velléités de véritable metteur en scène si bien qu’il s'ait lancé dans l’ambitieux remake d’un film de Joe d’Amato, Anthropophagous 2000 qui comme à son habitude lorgnait d’avantage vers le supplément gore et qui ; il faut bien le reconnaître ; souffrait d’une réalisation austère et fauché comparé à celle du cinéaste italien. Mais le gros Schnaas ne n'est pas défait pour autant et a repris le chemin de l'Italie pour faire une incursion dans l’épouvante gothique avec Demonium cette fois accompagné d’une véritable équipe professionnelle dans laquelle on retrouvait notamment Sergio Stivaletti qui faisait les effets spéciaux des films de Dario Argento. De réputation il s’agirait de son film le plus soigné, plus proche de ses influences de prédilection (Lucio Fulci notamment) mêlant les séquences gore et CGI à une atmosphère plus travaillé. Fort de cette expérience, Schnaas part ensuite à la conquête de l’Amérique pour retrouver la liberté créative et le même entrain qu’à ses jeunes années, comme un retour au source comme il aime à le qualifier dans son interview, bien que l’on sent bien dans ses propos qu’il est bien plus à l’aise dans le cinéma gore amateur et référentiel, filmé au caméscope. Et puis celui lui permet de prêter à nouveau ses traits et son physique imposant à un nouveau guerrier affublé d’une épée et d’un heaume de chevalier pour livrer ce qui sera alors provisoirement une suite spirituelle à sa saga des Violent Shit. Plusieurs pays titreront d'ailleurs le film Violent Shit 4 soit par erreur soit pour le vendre plus facilement, c’est au choix.


En des temps immémoriaux, la Roumanie été en proie au règne de terreur d’un barbare cruel et abject surnommé Nikos l’Empaleur. Exécuté par une horde de villageois excédé par sa brutalité inouïe, Nikos brandit la menace d’une vengeance d’outre-tombe, jurant de revenir d’entre les morts. Le soir du vernissage d’une exposition d’œuvres dédiés à l’histoire transylvanienne, un gardien blessé par balle répand accidentellement son sang sur le casque maudit du terrible guerrier délivrant ainsi le mal ancestrale. Enfer et Damnation, Nikos est maintenant de retour, prêt à se frayer un chemin à travers les homos et bobos d’une galerie d’art à grand coup d’espadon dans la gueule sur fond de métal bien bourrin, désossant quiconque entravera son chemin dans les rues animés de New-York. Tous les chemins mènent au Rom. Décapitation, démembrement, éviscération et autres joyeusetés de ce genre viendront satisfaire l’appétit vorace de barbaque et d’hémoglobine des cinéphiles les plus affamés. Nikos The Impaler est donc une ode de plus à la barbarie et au gore, ainsi qu’au cinéma de genre auquel sa divinité emprunte Elvira, un couple de Ninja, et même un Adolf Hitler empoté refusant de jouer les subordonnés et ce au détour d’un vidéoclub, puisque Nikos possède la capacité Deus ex Machina d’octroyer la vie à ses congénères fictionnels comme par magie (un peu à la façon de Benedict dans Last Action Hero) et ce afin de lui prêter main forte dans un dernier quart d’heure de folie.


Si la première partie traîne un peu en longueur, le cinéaste se rattrape néanmoins sur la seconde dans un carnage bien moyenâgeux. Outre ses nombreuses saynète raccordés entre elles par ce fil directeur poussant volontairement au meurtre, Schnaas n’en oublie pas de filmer longuement une poitrine dénudée sous la douche en gros plan pour contenter les spectateurs en manque, ainsi que quelques transitions amusantes tournés illégalement dans les rues de New-York où les passants ont dût être surpris de voir un chevalier teuton se trimballer avec un espadon. Quoi qu’on en pense, Andreas Schnaas aura en tout cas grandement participé à l’essor des films gore destinait au marché de la vidéo, une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître où le soin apporté aux maquillages et effets spéciaux prennent le pas sur celui du scénario ou bien de la mise en scène forcément plus famélique qu’une série B surtout au vu de son budget dérisoire avoisinant ici les 40 000 $. Evidemment on ne retrouve globalement que des amateurs à la distribution si ce n’est Felissa Rose qui jouait la fille au petit zizi de Massacre au camp d’été, ainsi que Lloyd Kaufmann le temps d’une furtive apparition où il se fait massacrer devant un étalage de la Troma dont il fait la promotion. Son interview dans le making of est d’ailleurs assez truculente bien qu’il ne puisse évidemment pas s’empêcher de faire ses élucubrations habituelles tout en confessant sa flamme pour les œuvres du gros Schnaas qu’il aurait certainement aimé pouvoir distribuer outre-atlantique. Nikos the Impaler sera finalement le chant du cygne de son réalisateur qui reviendra d'abord en 2007 avec Don't Wake the Dead, un film de zombie à petit budget qu'il vendait autrefois comme une oeuvre ambitieuse qui aurait dût toucher une plus large audience et enfin lui permettre de franchir une étape dans le monde du cinéma. Il n'en sera rien. Finalement il reviendra en 2010 avec Unrated puis Violent Shit 4.0, tous les deux réalisés au côté de son confrère et ami Timo Rose. Comme ses autres long-métrages, Nikos the Impaler sera frappé d’une interdiction aux moins de 18 ans et tiré à seulement 1000 exemplaires lesquelles se sont arrachés par tous les bisseux digne de ce nom dont l’auteur de ces lignes à un tarif prohibitif, le prix de la rareté contre celui de l’excellence pour des titres sérénissimes que seul une frange d’amateurs avide de divertissement transgressif peuvent se targuer de jouir à foison. Montjoie au trésor et au gore !

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le 10 mai 2024

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