Il y a d’évidentes qualités dans le cinoche de Lee Jeong-Beom, un réalisateur qui a commencé à se faire un nom parmi les amoureux des productions sud coréennes il y a 4 ans à l’occasion du sympathique Man from Nowhere. Un second film qui était parvenu à faire parler de lui et témoignait d’un savoir-faire déjà très solide pour filmer l’action auquel il ne manquait qu’un peu de maturité dans l’écriture. Après cette jolie surprise, le coréen était attendu au tournant, allait-il remédier à ses premiers balbutiements dans No tears for the dead et surtout confirmer son statut de réalisateur à suivre ?


A défaut de corriger complètement le tir, Lee Jeong-Beom gravit une nouvelle marche vers le cinéma d’action burné qui préfère la complainte des canons aux jérémiades de leurs porteurs. Lorgnant du côté des productions HK les plus musclées, fidèle au mantra « Harder, better, faster, stronger » des fous musicaux casqués, le jeune réalisateur opte pour une mise en scène dopée à la vitamine C. Exploitant chaque parcelle des sols qu’il jonche de cadavres, cédant à l’appel de l’actionner décérébré, il nourrit sa récréation aux projections martiales créatives et aux duels à l’arme blanches si nerveux qu'ils font grincer des dents.


L’intention est louable, divertissante même, mais comme pour son premier film, elle ne convainc pas totalement, la faute à une tonalité qui ne s’assume pas. En essayant de faire cohabiter l’ambiance ultra sérieuse d’un polar paranoïaque ambigu et l’outrancier né de gunfight sans cesse repoussés dans leurs limites, Lee Jeong-Beom se perd un peu, manque en tout cas de livrer une œuvre cohérente. Résultat, on passe son temps à écarquiller les yeux quand les acteurs se fritent la ganache et à soupirer quand le stylo se remet temporairement en marche pour les trimballer jusqu’au prochain niveau.


Quand il est l’heure pour ces as de la tatane de rendre leur dernier râle, dans les tripes et le sang, c’est un sentiment très partagé qui s’impose. L’envie de se montrer enthousiaste devant une maîtrise technique de chaque instant s’est estompée au fur et à mesure que l’aspect polar promis dans les premières minutes se prenait des coups dans les dents, jusqu’à capituler au bout d’une heure. Le souci étant qu’une fois cet aspect vecteur d’intérêt totalement évaporé, c’est l’ennui qui pointe le bout de son nez, car No tears for the dead flirte avec les deux heures alors qu’il n’a rapidement plus grand-chose à raconter.


Pour son second film, Lee Jeong-Beom livre une œuvre trop ambitieuse, en partie manquée parce qu’il a voulu y mettre un peu trop de (bonnes) choses. Il serait indécent de lui reprocher cette générosité, on ne peut donc qu’afficher respectueusement sa déception.

oso
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le 23 déc. 2014

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oso

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