Breaking Dad
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le 2 juin 2021
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"Par le scénariste de John Wick" comme le précise son affiche. On aurait pu s'en douter, Nobody tirant son sel d'un script aussi basique que potentiellement jubilatoire. Sauf que l'idée de base, c'est de mettre un homme ordinaire à la place d'un tueur à gages extraordinaire. Pour s'assurer de la crédibilité de son postulat, le réalisateur Ilia Naïchouller (auteur du déjà très primaire Hardcore Henry) s'assure les services de Bob Odenkirk. Très bon choix, le comédien a su se faire un nom avec le personnage culte de l'excentrique Saul Goodman (dans les séries Breaking Bad et Better Call Saul). Une figure complexe et insolite mais pas du tout l'image qu'on associe à un broyeur de mâchoires ou un spécialiste de la soupe à la guibole explosée. Justement, c'est bien souvent l'interprète à priori inadéquat qui donne le supplément d'âme à un film qui sinon gonflerait les sorties en DTV. Bien misé puisque Odenkirk instille finasserie et sarcasme tout au long des 90 minutes de projection. D'un autre côté, l'acteur se montre crédible dans les empoignades jamais trop chorégraphiées. Comme pour appuyer ce décalage, la présence d'un trublion comme Christopher Lloyd participe à cette sorte de parenthèse régressive et inoffensive. Notamment dans son épilogue qui tente la fusion entre John Wick et Maman j'ai raté l'avion.
Mais en assumant une direction ouvertement Z, Nobody corrompt sa promesse initiale. Je ne défricherai pas l'intrigue, disons qu'il est une version bête et méchante de A History of Violence (David Cronenberg, 2005). Toute la partie familiale ou la satire viriliste passent brusquement à l'arrière-plan pour se consacrer aux nombreuses échauffourées. Bon point : elles sont bien filmées. Mauvais point : le film perd quasiment tout intérêt. D'un œil distrait, on pourra savourer le jeu de Bob Odenkirk et s'amuser de l'utilisation de belles balades au détour des moments les plus violents. Mais objectivement, la production finale évoque un actioner 80's téléporté 40 ans plus tard. On retrouve les mêmes clichés (ces méchants russes) et l'apport pour ainsi dire très limité. C'est frustrant, le concept premier avait un potentiel certain pour donner une allure plus rigolote au genre, ce que semblait annoncer l'introduction. Apparemment, personne n'avait envie d'aller chercher plus loin. Il n'y a donc pas plus quelconque qu'un Nobody.
Créée
le 18 avr. 2021
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