Le troisième essai est le bon

Si Get Out avait pu laisser tiède et Us carrément froid, Nope est pour le coup un très bon film. Tout d’abord esthétiquement, car c’est là son point fort, les images sont superbes et certains plans se rapprochent du chef d’œuvre. Nope est donc tout d’abord un film agréable à voir au sens le plus sensitif du terme. À cet égard, le visionnage en cinéma prend tout son sens et c’est l’une des caractéristiques d’une bonne œuvre cinématographique, là où d’autres métrages se suffiraient d’un petit écran.

Sur le fond, Nope apparaît moins bancal que les deux précédents, plus « mature » pourrait-on dire. Si la première couche d’interprétation donne à voir un panorama de l’histoire du cinéma, les couches sous-jacentes soulèvent des questionnements plus pointus. Globalement, il apparaît un critique de la prétendue toute puissance de l’homme face aux éléments qu’il tente de maîtriser par orgueil et vanité. C’est pourquoi le lien entre ovni et animaux, bien que surprenant, déploie finalement la symbolique des forces de la nature.

Enfin stylistiquement parlant, la particularité de Nope est de se trouver à une croisée des genres plus que réussie. On retrouve du western et de la science-fiction mais aussi du genre épouvante (même si ce n’est pas le genre prédominant, d’ailleurs quel est-il ?). De même, si Nope peut rappeler les blockbusters tel interstellar, la mesure de l’emploie des effets calme cet aspect. Même si Nope utilise des ficelles cinématographiques à succès, elles sont souvent détournées ou très subtiles.

Mention spéciale à Daniel Kaluuya, parfait en dresseur de chevaux introverti. Quant aux autres acteurs, peu nombreux, leur rôle est d’une justesse, d’un non-manichéisme très appréciable.

Si nous devions aborder un défaut regrettable du film, ce serait la précipitation dans le dénouement. C’est parfois à se demander comment les personnages ont compris si rapidement ce qu’ils comprennent, là où le spectateur aurait encore besoin d’indices. Le dénouement est donc malheureusement trop vite servi, avec des étapes franchies trop rapidement.