Nope, le contre pied du blockbuster

Nope, ceci n'est pas un blockbuster.

L'histoire se déroule aux Etats Unis, dans un ranch où une famille noire élève des chevaux pour Hollywood.

Le père de famille tiens la boutique, et initie son fils à la relève. Sa fille elle, rêve de passer de l'autre côté et d'être sur le devant de la scène, de devenir l'objet de la caméra.

Ici vous pouvez spoiler !

Difficile de parler de ce film sans spoiler.
Beaucoup de lectures en sont possibles.
Tout d'abord, c'est un film magnifique qui capte de très grands espaces à la manière d'un grand film de science fiction (c'est d'ailleurs le chef de la photographie qui a travaillé sur Interstellar qui a travaillé sur Nope).
Le réalisateur glisse des références subtiles mais agréables à découvrir dans ce film : l'abduction terrifiante de la guerre des mondes, les coulées de sang macabres et esthétiquement très colorées qui rappellent la scène de l'ascenseur dans Shining.

Mais ce film, parle avant tout de l'image et du rapport à l'image.
L'objet volant non identifié qui rôde au dessus du ranch, se révèle être une bête, un animal qui a besoin de se nourrir. Quiconque le regarde dans les yeux, ou bien sa bouche, se voit aspirer. Cet orifice est l'image de l'objectif d'une caméra, ou d'un appareil photo, qui si l'on s'en approche trop, nous happe et nous dévore vivant.
Tout au long du film, la thématique du rapport a l'image est évoquée, mais chaque personnage va évoluer avec sa propre relation à l'image et donc avec le monstre.
La sœur du personnage principal est au début du film très attirée par une carrière d'actrice et de chanteuse, et souhaite à tout prix être devant la caméra. A la fin du film, elle choisira son frère plutôt que de récupérer le précieux et unique cliché de l'animal, symbole de son choix de faire passer la famille avant la célébrité.
Le réalisateur est quand à lui obsédé par l'image : il veut le cliché de l'impossible, et pousser l'image là où elle n'a encore jamais été. Ce qui le conduira à mourir pour cela.
Le personnage qui gère le parc à thème est quand à lui traumatisé par ce qu'il a vécu petit sur le tournage d'une sitcom. Ce singe, qui a tué tous les acteurs du plateau devant ses yeux, mais qui s'approche de lui juste après pour un fistbump, lui fera croire qu'il est spécial. Si spécial, qu'il peut entretenir une relation avec l'animal volant et devenir maître du show. Une illusion qui le conduira lui aussi à la mort.
Quand au personnage principal, il ne souhaite qu'une chose, reprendre les reines et être à la hauteur de son père et l'héritage qu'il a laissé et dont il est porteur. Il y arrive en parvenant à dompter la bête ultime qui dévore toutes les personnages du ranch et ses alentours.

Jordan Peele réalise selon moi un chef d'oeuvre, un de ses meilleurs films