Après les premières minutes de visionnage (bien angoissantes), j'ai pensé que le film allait encore une fois parler de racisme et de relations interraciales aux États-Unis, dans la même lignée que les précédentes œuvres de Jordan Peele (que j'ai appréciées, mais pour lesquelles il ne m'est jamais resté un souvenir impérissable).
Pourtant... ce que je ne peux pas enlever au film, c'est qu'il sait surprendre. Oui, c'est encore un film qui prend la forme d'une critique sociale, mais on quitte plus ou moins les thèmes traités dans Get Out ou Us pour nous parler de la condition animale, sur fond d'extraterrestres. Un savoureux mélange rocambolesque. J'ai d'ailleurs fortement apprécié le flirt de séquence en séquence avec différents genres cinématographiques, le film passant d'une œuvre de science-fiction pure et dure à une comédie noire, parfois un film d'épouvante de série Z jusqu'à se conclure en un western épique. Aussi, visuellement, c'est très beau, et il y a quelques plans qui mériteraient de figurer au quotidien sur nos écrans, voire être exposés dans des cadres plus grands.
Mais... j'ai aussi beaucoup soufflé et si je devais qualifier Nope d'un seul mot, ce serait ubuesque. Pour faire ce qu'il ne faut pas faire, et comparer Nope aux films précédemment cités, je trouve que cette nouvelle œuvre par moments d'un "navet", du fait du comportement incompréhensible de ses protagonistes (et aussi par les acteurs qui ont tendance à surjouer), et ça m'a plusieurs fois fait sortir du film. Pourtant, j'y suis retourné à chaque fois car il y a ce petit « quelque chose d'ubuesque » qui a fini par me happer, me confortant dans l'idée que je voulais absolument voir son dénouement.
Le film est par ailleurs devenu encore plus intéressant quand il s'est terminé, et que j'ai exploré le monde fabuleux d'Internet à la recherche d'explications sur ce que je venais de voir : beaucoup (trop?) de grilles de lecture sont à percevoir pour comprendre d'une seule traite ce que le réalisateur veut nous transmettre !