Depuis 100 ans pour une minable histoire de droits d'auteur - déjà... - coexistent à l'écran deux versions de la même histoire ; l'originale plus glamour sous le nom de Dracula, l'adaptation plus sombre sous l’appellation de Nosferatu. Les deux ont leur charme.
Si Dracula a fait l'objet d'un nombre incalculable de versions différentes entre elles qui ont régulièrement pris des libertés avec le livre de Bram Stocker, le petit cousin allemand n'aura finalement eu que des versions hommage au film d'origine. Simplement parce que celui de Murnau était déjà bigrement réussi pour l'époque, quand il aura fallu attendre la version de Coppola pour avoir enfin un Dracula à peu près complet et grosso-modo fidèle à l'esprit du bouquin. La tradition commande donc qu'un nouveau Nosferatu soit davantage une déclaration d'amour au Murnau d'origine, qu'une nouvelle adaptation.
De ce point de vue, c'est réussi. Le maniérisme un peu - beaucoup... - agaçant de Robert Eggers s’accommode très bien avec une revisite de l’expressionnisme allemand des années (19)20. Ses acteurs s'en sortent très bien et l'ambiance est là. On pourra regretter l'improbable idée de cette moustache à la Jean Rochefort qu'arbore ici fièrement son Nosferatu, et regretter le look de Max Schreck qui était quand même du dernier chic. Mais en dehors de ça, le personnage n'est toujours pas sympa, ni très avenant et reste bien flippant. Les effets sont un peu trop appuyés et le montage parfois pénible avec cette manie de couper les scènes dans un cri d'effroi. Mais le film est très esthétique et à défaut d'être original, c'est un bel hommage.