Retour à la terre
Ce film signé King Vidor, réalisateur dont la carrière est ponctuée de réussites parfois majeures comme La foule (1928), Hallelujah (1929), Duel au soleil (1946), Le rebelle (1949), La garce (1949)...
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il y a 5 jours
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Ce film signé King Vidor, réalisateur dont la carrière est ponctuée de réussites parfois majeures comme La foule (1928), Hallelujah (1929), Duel au soleil (1946), Le rebelle (1949), La garce (1949) et L’homme qui n’a pas d’étoile (1955) reste quelque peu méconnu, sans doute parce que désormais on le considère comme appartenant à un passé quelque peu révolu (il date de 1934). Pourtant, ce noir et blanc au format 4/3 mérite la plus haute considération, car il s’apparente par bien des points aux meilleurs films de John Ford. On pense en particulier au célèbre Les raisins de la colère (1940), qui traite d’un sujet assez similaire mais qui lui est postérieur ! King Vidor traite lui aussi de la terrible Grande Dépression qui a frappé les États-Unis à partir de 1929. Tout commence avec un couple qui ne s’en sort plus en ville, criblé de dettes. Un hasard leur permet de partir à la campagne où ils vont tenter leur chance en exploitant un terrain autour d’une ferme à l’abandon. John Sims (Tom Keene) est un idéaliste qui convainc sa volontaire épouse, Mary (Karen Morley) qu’avec leur bonne volonté, leur courage et leur abnégation, ils vont vivre de cette terre, oubliés de leurs créanciers. Sauf que cette terre ne leur appartient pas et qu’elle attirera une certaine convoitise dès qu’elle commencera à se révéler plus ou moins prometteuse (ce qui n’était pas du tout évident au premier abord). Il faut dire que l’idéalisme de John lui donne des idées. Ainsi, il se met en tête qu’avec non pas deux, mais dix voire plus à l’exploiter, cette terre donnera suffisamment pour que tous celles et ceux qui s’épauleront y trouvent leur compte. Bien entendu, si son idéalisme l’amène à créer une sorte de communauté, il s’expose à quelques désagréments, inhérents en particulier à la nature humaine, ce qui peut le mener au bord du gouffre. Cette partie est à mon avis un peu légère, même si le réalisateur ne la néglige pas. D’ailleurs les désagréments viennent aussi des éléments naturels, du fait d’une terre peu favorable à la culture et un climat qui s’y prête encore moins. Mais il en faut beaucoup plus à John et Mary pour qu’ils envisagent de renoncer. D’ailleurs, à force de bonne volonté, ces durs au mal peuvent compter sur un certain nombre de fidèles. Enfin, ce nombre tend à s’amenuiser avec les conditions de travail qui se dégradent. Jusqu’au moment où une idée émerge à la surprise générale. Il faut dire qu’il fallait oser. Ce que le film montre justement, c’est qu’en osant on peut déplacer des montagnes, ou presque.
C’est donc un film pétri d’humanité, qui montre qu’en unissant leurs efforts, des hommes et des femmes peuvent accomplir des choses inimaginables, des choses impossibles à réaliser seul dans son coin. La force du groupe peut s’avérer incomparable. Encore faut-il y croire et trouver l’inspiration pour que tous soient suffisamment motivés pour se donner pleinement. Le final est de ceux qui restent dans les mémoires, avec l’énergie déployée, le travail de groupe, une mise en scène qui met tout cela en valeur et une conclusion qui dégage une véritable allégresse. C’est presque trop beau, au point qu’on se dit que cela marche au cinéma, mais que dans la vie il faudrait un sacré concours de circonstances pour qu’on arrive à quelque chose d’équivalent. Mais justement, on voit des films pour rêver un peu. Eh bien celui-ci, malgré son âge, fait son effet à tous les coups. Il fait partie des indémodables qui montrent qu’en dépit de l’adversité, il faut toujours y croire. Le thème du retour à la terre rappelle au passage quelques valeurs éternelles comme celles du travail, de l’entraide, du respect des autres, etc. Et même si l’impact négatif de l’argent n’est ici qu’effleuré, on appréciera la tentative de fonctionnement en autonomie avec la mise en commun des compétences des uns et des autres et le retour à la vraie valeur des choses par l’intermédiaire du troc. A noter aussi la valeur abnégation avec le comportement incroyablement altruiste du personnage dont on pourrait attendre qu’il soit le plus néfaste au fonctionnement de la communauté. Comme toujours dans un groupe, une motivation commune forte donne d’étonnants résultats ! Et comme par hasard, la réussite du film tient en partie au fait qu’il ne tient pas sur les épaules d’une ou deux vedettes, ce qui n’empêche pas quelques moments forts dus à quelques postures bien particulières. On en viendrait presque à regretter la brièveté du métrage (environ 1h20) qui met en évidence que la force d’un film peut devoir à son sujet et à son traitement rigoureux au service de l’émotionnel, plutôt qu’à un aspect spectaculaire qui pourrait sonner creux.
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il y a 5 jours
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Ce film signé King Vidor, réalisateur dont la carrière est ponctuée de réussites parfois majeures comme La foule (1928), Hallelujah (1929), Duel au soleil (1946), Le rebelle (1949), La garce (1949)...
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