Avec Notre Petite Sœur, Hirokazu Kore-Eda signe une chronique familiale d’une rare délicatesse, qui rappelle l’intimité et la sensibilité d’Ozu. Le cinéaste s’intéresse à l’absence et à la construction des liens : trois sœurs accueillent leur demi-sœur adolescente et découvrent peu à peu ce que signifie prendre soin de l’autre.
Kore-Eda observe ces relations avec une attention minutieuse, captant les gestes, les silences et les petites routines du quotidien pour révéler les nuances de l’âme humaine. Chaque personnage trouve dans l’autre une forme de réconfort, mais le réalisateur n’édulcore jamais les tensions ou les blessures intérieures. La force du film tient à cette juste mesure : il explore les émotions sans jamais sombrer dans l’excès ou le pathos.
Les séquences les plus simples, repas partagés, balades dans la campagne, instants de vie domestique, deviennent des moments profondément vivants, porteurs d’émotion et d’humanité. Kore-Eda y insuffle une poésie discrète, faite de gestes et de regards, où l’intime devient universel. La photographie sublime ces instants, et les actrices, toutes remarquables, donnent à leurs personnages une présence naturelle et bouleversante.
Au-delà de la chronique familiale, le film offre un regard sur le Japon contemporain, mais toujours à travers le prisme de l’intimité. La mélancolie et le temps qui passe sont palpables, sans jamais devenir lourds, et font résonner le film d’une sagesse douce, où l’ordinaire se transforme en sublime.
Notre Petite Sœur est une œuvre profondément humaine et sensible, un hommage à la famille, à l’entraide et aux liens qui nous façonnent, sublimé par un cinéma qui sait voir le monde dans les petits détails.