En ce qui concerne la mise en scène, c’est du très lourd. Les costumes, les décors, les coiffures, le moindre accessoire, les interprétations de Guillaume Marbeck, en Jean-Luc Godard, et de Zoey Deutch, en Jean Seberg, donnant le sentiment qu’on a affaire aux véritables protagonistes de l’histoire, la manière de parler des personnages, les effets visuels totalement invisibles — donc pleinement réussis —, le noir et blanc qui évite le côté trop lisse du numérique pour retrouver le grain de l’époque : tout cela donne réellement la sensation que l’on est plongé en plein dans le Paris de 1959. C’est hallucinant de perfection.
C’est d’autant plus remarquable quand on sait que c’est l’Américain Richard Linklater qui est aux commandes de ce film : un habitant du pays de l’Oncle Sam qui recrée magistralement l’atmosphère française d’une époque, avec une distribution venant exclusivement de l’Hexagone (à l’exception, bien sûr, de Deutch !).
Sinon, Aubry Dullin, qui hérite du rôle ultra-casse-gueule de Jean-Paul Belmondo, s’en tire avec les honneurs, même s’il est inévitable que la copie ne parvienne pas à dégager le charisme démentiel de l’original.
Mais qu’est-ce que ça raconte, Nouvelle Vague ? Ben, le tournage d’À bout de souffle ! Le tout à travers toute une série d’anecdotes assez savoureuses. Et autrement ? Ben, rien qui ne pourrait être raconté aussi par l’intermédiaire d’un making-of, avec des interviews de membres de l’équipe du film et/ou d’historiens du cinéma.
Pas de réinvention, pas de discours de fond — par exemple sur le septième art —, pas d’audace narrative ou visuelle quelconque (ce qui est un comble non seulement pour un film ayant pour personnage principal Jean-Luc Godard, mais aussi venant d’un réalisateur qui a su régulièrement inventer de nouveaux concepts ; Before Sunrise et Boyhood en sont la preuve !).
C’est uniquement une reproduction, une sorte d’évocation muséale. D’ailleurs, cette dernière impression est renforcée lorsque, à chaque fois qu’un personnage apparaît — même ne serait-ce que pour quelques secondes avant de disparaître complètement ensuite —, il prend la pose, le temps d’un court plan, comme une statue de cire, avec son nom affiché à l’écran.
Alors, le visionnage a été très plaisant pour le cinéphile passionné que je suis, qui ne s’est pas ennuyé une seule seconde. Je le redis, mais la mise en scène est un modèle absolu à suivre en matière de reconstitution. Mais le problème, c’est que ce n’est rien d’autre.