En préambule, Richard Linklater fait défiler, en cette année 1959, les figures incontournables, sous les traits de comédiens plus ou moins ressemblants, de la Nouvelle Vague et de la critique des Cahiers du Cinéma. C'est aimable de sa part, mais c'est une introduction pas vraiment utile, sauf à vouloir éclairer le profane avec une quantité de noms dont il a entendu parler.

Puis vient le sujet, réducteur relativement au titre du film, qui est la préparation et le tournage d' "A bout de souffle" par un Godard impatient de tourner enfin son premier film, après Chabrol, après Truffaut et son triomphe cannois des "Quatre cents coups".

Linklater tourne en noir et blanc un hommage admiratif, et amoureux peut-être, à la Nouvelle Vague fondatrice et à son film emblématique. Ce sont vingt journées de tournage qui nous attendent ; c'est un peu long, surtout pour le cinéphile averti, qui peut, certes, toujours glaner quelque anecdote nouvelle ou aphorisme godardien ignoré, mais qui dans l'ensemble ne se trouve confronter qu'à des choses connues.

Le tournage du film est un récital des incongruités et caprices du jeune réalisateur, de ses saillies ironiques ; c'est le one man show, tel que le filme Linklater, d'un trublion anticonformiste qui ne sait pas où il va mais sait ce qu'il ne veut pas, et qui demeure, en définitive, mystérieux et impénétrable. Le personnage de Godard est le coeur du film et accapare tout l'intérêt du sujet. Devant la caméra du réalisateur, il est la Nouvelle Vague à lui tout seul.

Le comédien Guillaume Marbeck se sort très bien de ce rôle compliqué en dépit que sa tâche relève de celle du chien savant ou du mimétisme. En face de lui, il a une Jean Seberg aussi vraie que possible, mais tous les autres personnages du plateau, Belmondo compris, on beaucoup de mal à exister. Et le film s'étire entre récurrences (redondances ?) et banalités en peinant à éclairer d'une lumière nouvelle le phénomène Godard et son film-manifeste.

En passionné de cette période du cinéma français et de ses concepteurs, je sors plutôt déçu par cette approche et cette mise en scène prosaïques, sinon vulgarisatrices.

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