La magie du cinéma tient en grande partie de ses secrets cachés de fabrication, dont les cinéphiles peuvent percer le mystère par le biais de bons bouquins érudits, mais aussi avec un vrai regard critique sur l'œuvre ou le cinéaste concernés. En somme, il n'est pas mauvais que ce qu'il se passe sur le tournage reste sur le tournage. Nouvelle Vague fait exactement le contraire, nostalgie assumée, pour reconstituer celui de À bout de souffle, tout en saluant les jeunes turcs des Cahiers, de manière enamourée et, parfois seulement, ironique. À quoi bon ce film, qui administre à peu près l'inverse de ce qu'a représenté le premier long de Godard ? À savoir une minutie obsessionnelle dans un exercice de style très appliqué, à l'opposé de l'insouciance associée à l'arrogance de Jean-Luc et de ses petits camarades de jeu. Certes, il y a une atmosphère plaisamment créée dans Nouvelle Vague et un rythme effréné, mais dont l'artificialité saute aux yeux, dans cette volonté maniaque de fidélité. Au point que l'on préfère le point de vue du Redoutable d'Hazanavicius, quelles qu'en soient les limites. Quant à l'interprétation, c'est vrai qu'elle est assez bluffante, hormis peut-être pour notre Bébel national, visiblement inimitable. Au fond, le film ne s'adresse pas tant aux cinéphiles, qui ont nécessairement énormément lu sur le sujet, mais aux nouvelles générations, pour peu qu'elles s'intéressent au cinéma d'avant les années 80. Au risque que Nouvelle Vague devienne plus connu, comme copie, que l'original.