le 26 mai 2014
Ado-calypse
Sorte de plongée psychédélique dans la journée d'une bande d'ados, Nowhere c'est un peu un condensé de tout ce qu'on a dans la tête à cet âge là : un gros bordel mélant rêves et désillusions, amour...
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Je viens de voir ou revoir les 3 volets de la "trilogie de l'apocalypse adolescente" (Teenage Apocalypse Trilogy) de Gregg Araki, projetés en ce moment dans un petit ciné des Halles à Paris. La salle était au 2/3 ou 3/4 pleine à chaque fois, ce qui prouve que cette trilogie a quand même une vraie réputation auprès des cinéphiles jeunes ou moins jeunes. Le premier des trois : Totally Fucked Up (Complètement paumé - 1993) est finalement le meilleur, selon moi. Je dis finalement parce que je ne l'ai pleinement apprécié, dans toute sa finesse psychologique, son habileté technique et son art qu'à la deuxième vision. J'étais sorti déprimé, voire abattu de la première et me sentant vaguement coupable de m'être momentanément assoupi en cours de projection ; du coup, ayant décidé de retourner voir le film, je suis là resté complètement vigilant et j'ai alors eu un vrai coup de coeur pour cet opus conçu comme une docu-fiction sur la jeunesse gay américaine (4 garçons, deux filles, entre 18 et 22 ans, de Los Angeles) et qui est à la fois sensible, pointu et très bien vu, le réalisateur connaissant parfaitement le sujet. Totally Fucked Up est un film sympa, cool mais imbibé de tristesse et le final nous flanque un sale coup au moral. Le deuxième : The Doom Generation (qu'on peut traduire par : La Génération de l'apocalypse ou La Génération condamnée - 1995) est, des trois, celui qui se rapproche le plus des films qui ont un scénario racontant une histoire avec un début, un milieu et une fin. C'est pour moi celui qui est le plus facile à suivre, le moins déroutant, sauf que l'histoire est complètement loufoque, scandaleuse, délirante, comico-sanglante. Je ne vais pas vous raconter le pitch, la fiche technique du film le fait très bien. Le film est très audacieux, déjanté, avec des passages hyper-osés et sexy et une fin gore et glauque saupoudrée comme d'ailleurs tout le film d'un humour qui nous incite à ne pas trop prendre l'histoire au sérieux. C'est un plutôt bon film, pour moi nettement moins bon que le premier au niveau du contenu, mais formellement neuf et très réussi. Le troisième : Nowhere (Nulle part - 1997) tient un peu du premier et du second. Il met en scène une collection de jeunes gars et filles de L. A. semblant tous se connaître à mesure qu'ils apparaissent à l'écran et se rencontrent dans un bar, dans un vestiaire de salle de sport, dans la chambre ou l'appartement de l'un d'entre eux (les décors, intérieurs ou extérieurs, sont très stylisés, souvent à peine esquissés et clairement en carton-pâte peint de couleurs vives). Le personnage principal de cette bande aux mailles élargies est Dark, 18 ans. On va le suivre pendant toute une journée, depuis la douche matinale jusqu'au milieu de la nuit suivante. On découvre qu'il a une copine : Mel, qui se partage entre lui et une certaine Lucifer. Ce qui enrage Dark qui, lui, serait plutôt à la recherche du pur amour. Dans les vestiaires d'une salle de sport (supposément, de son high school), Dark, assez dévêtu, se lie d'amitié avec Montgomery, un mignon blondinet lui-même peu habillé. De multiples personnages, presque tous ados, se bousculent à l'écran, si bien qu'on a un peu de mal à s'y retrouver. Au fil de ces rencontres souvent cocasses (et le mot est faible), on apprend qu'il va y avoir une fête dans la soirée, fête à laquelle tous doivent ou veulent se rendre. Mais avant, est prévu une partie de cache-cache (sous ecstasy) qui réunit huit ou neuf des ados dont on a fait la connaissance, dont Mel, Lucifer, Dark et Montgomery, mais aussi Ducky et Dingbat et... je ne sais plus qui. Sexe, bisexualité, sado-masochisme à plusieurs, fellation, baise frénétique, viol, meurtre, enlèvement par des extra-terrestres, etc. se succèdent avant et pendant la "soirée chez JujyFruit". Mel (pourtant déjà avec Dark et Lucifer) y rencontre des jumeaux blonds, sexy et assez peu vêtus et elle s'éclate avec les deux, devant tous (et qu'importe que Lucifer et Dark soient furieux). En dehors de ça, Egg, la soeur de Ducky, se fait draguer par une célèbre "idole des jeunes" qui, un peu plus tard, parce qu'elle lui résiste, la viole hyper brutalement. J'en passe et des pires. Bref, dégoûté de tous ces excès, ayant parfois des hallucinations visuelles d'un alien-saurien, Dark rentre chez lui à nuit plus que tombée et, allongé sur son lit, confesse à sa video-caméra qu'il se sent complètement seul, complètement perdu ("doomed") et qu'il est persuadé que sa génération verra la fin du monde. On frappe à la fenêtre, c'est Montgomery totalement nu qui, durant la partie de cache-cache, s'était fait enlevé par un extra-terrestre. Dark le fait entrer dans sa chambre et là on a droit à un final fantastique, pas piqué des hannetons et typiquement "arakiesque", dont je vous laisse la primeur. Par son côté déjanté, démentiel, coloré, Nowhere se rapproche assez de The Doom Generation. Peut-être est-ce celui que j'ai le moins aimé des trois ; en tout cas, c'est un film très étudié, très travaillé, dans la composition des scènes comme dans les dialogues. C'est très riche, certaines notations sont désopilantes (ex. : Shad, un des jeunes mecs, joué par Ryan Phillippe, est montré, durant la "soirée chez JujyFruit", en train de "sauter" sa meuf contre un mur du lieu des réjouissances au vu et su de tous les participants ; sa soeur Dingbat, que joue Christina Applegate, l'avise et identifie, elle va direct vers lui et lui assène, alors qu'il est en pleine action : "Dis donc, Dad tient absolument à ce que tu tondes la pelouse du jardin demain matin"). Ça va très vite, impossible de tout saisir. C'est, alternativement, outré, touchant, caricatural, charmant, délirant. C'est aussi, bien sûr, une critique de l'Amérique, de ses moeurs contrastées, des émissions télé religieuses "chrétiennes", etc. J'arrête sur Nowhere pour conclure sur la Trilogie. Si les 3 films n'ont pas un lien direct entre eux, ils ont clairement une unité d'ensemble. Donnée déjà par un même acteur James Duval qui tient le/un rôle principal dans les trois opus (certains autres acteurs se retrouvant d'ailleurs dans le premier et le troisième volets) ; donnée aussi par un thème majeur identique (traité de façon de plus en plus paroxystique), les 3 opus mettant en scène une jeunesse américaine désorientée, nihiliste et qui exprime son mal-être par la consommation d'alcool, de drogue et une vie sexuelle "déréglée" ; donnée enfin bien sûr par l'esprit et le style très particuliers du réalisateur. "8", "7" et "7" sont les notes que je leur ai attribuées.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Gregg Araki
Créée
le 29 sept. 2025
Modifiée
le 30 sept. 2025
Critique lue 59 fois
le 26 mai 2014
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