Nowhere
5.5
Nowhere

Film de Albert Pintó (2023)

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Ce film est un piètre survival. Je suis un fan des films de survie, j'en consomme beaucoup et je m'amuse toujours à chercher les absurdités ou les cohérences avec les situations réelles dont ils s'inspirent. J'ai abandonné ici au bout de 5 minutes. Rien n'est crédible ici. Les gardes frontières nazis qui n'examinent pas une caisse dans un conteneur rempli de migrants après en avoir exécuté une quinzaine, c'est un non. Les systèmes de survie à la con de la mère qui n'a aucune notion de survie élémentaire, c'est un non. A ce tarif, ils auraient pu mettre des boîtes de conserve dans une caisse, ça aurait été nettement plus crédible (et le film aurait assumé d'être une sand box où la tension n'est qu'artificielle car tout est couru d'avance).


Car rien n'est cohérent dans ce film, qui ne traite pas de son sujet. Une femme enceinte issue d'un pays totalitaire... Cela correspond à moins de 1% des flux migratoires européens (vu le contexte espagnol du tournage, on est dans une situation européenne). Mais ici, en plus, on est sur une autre planète, comme en témoignent les uniformes des militaires tout droit sortis de l'Etoile noire de star wars. Pas de noirs non plus, wouf, ils ont tous été transformés en espagnols qui surjouent comme des possédés, habités totalement par la dimension christique de leur rôle, portes-étendards des migrants africains persécutés... (les 15% de réfugiés politiques, noyés dans les 85 autres % d'hommes jeunes (mineurs isolés) qui répètent ce que les passeurs leur disent).


C'est hors sol, tout cela est hors sol et ne correspond à rien de réel. Il ne faut jamais avoir vu un migrant en dehors du cinéma pour croire à pareille absurdité. Un migrant a une couleur, un passif, une culture. Il apparaît aujourd'hui qu'une part des migrants convoyés par les passeurs sont même désignés dans leurs villages et envoyés dans des pays d'accueil pour pouvoir y rembourser leur dette (un fonctionnement mafieux et une variante de la traite négrière). Vous voulez nous faire pleurer sur les migrants ? Commencez par respecter les migrants, respecter le public et montrez nous la réalité. Montrez les passeurs, montrez la moitié de migrants qui meurent avant d'atteindre la mer exécutés par leurs passeurs, montrez les ONG qui récupèrent les gens et encouragent le processus. Mais par pitié, épargnez nous ce genre de navet fadasse qui ne sert qu'à dilapider du fric en pensant faire de la politique qui ne fait que fausser un peu plus la réalité. Certains films l'ont fait. Sicario 2 est à ce jour le meilleur film sur ce sujet, et ce n'était pas un film raciste ou d'extrême droite, il était juste honnête en montrant tout et en décrivant une situation. Ce n'est pas si difficile, de s'imprégner un peu du terrain et d'en synthétiser un scénario qui, à défaut d'aller quelque part, nous fera vivre quelque chose d'authentique... Authentique, voilà un mot qui perd de plus en plus de sa substance quand on goûte à cette bouillie de condescendance misérabiliste tellement artificielle qu'elle se passe dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Voracinéphile
2
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le 30 sept. 2023

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Voracinéphile

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