Peut-être bien que Lars Von Trier touche vraiment à quelque chose de génial avec ce film. Une touche de génie.
Tout est intéressant, parlant, avec du sens, du ludique, du grave, de l'intensité, du suspens, du sentiment, de la réflexion.
La construction en chapitres est futée : rythme qui permet de ne pas tout avaler brutalement; ça amène une légèreté, des coupures salvatrices ou frustrantes, selon les ambiances.
ça permet au réalisateur de poser les tranches de vie comme des histoires, des bouts de conte. Les rendre à la fois réaliste et onirique. Quelque chose de fantastique dans le quotidien.
Le traitement de l'image est très doux, poétique et ancré dans un réalisme étrange.
Du coup, on est spectateur, vraiment. Pas impliqué dans des émotions dures et violentes, pas malmenés ni poussés dans nos retranchements.
On se laisse porter par le récit. Les récits.
Des moments où LVT prend le temps de filmer le monde autour. Le bruit de l'eau qui tombe sur une gouttière, le vent dans les arbres... une attention aux sens, aux sensations. Qui plante le décor dans le charnel plutôt que dans l'intellect, et permet ensuite de se laisser bercer par le contenu.
Proximité douce entre les deux acteurs qui se découvrent et se racontent. Jeu entre eux. Lien avec les conversations de philosophes, non ?
La force de filmer des scènes crues sans vulgarité.
Force de traiter du grave avec le sourire.
Des acteurs incroyables.
Des scènes complètement irréelles, jusqu'au délire burlesque, qui sont comme des moments graves et ridicules : comme pour nous dire que ... faut pas en faire tout un plat ? Qu'il est mieux de voir notre propre ridicule avant de dramatiser ?
Film qui soulève des questions sur la forme, le sens des choses, de ce que LVT veut nous dire. Un discours qui louvoie tranquillement, laisse des traces, laisse le temps, permet au spectateur de recevoir sans lui imposer un avis brutal.
Je crois que j'aurais besoin de le revoir (il passe vite, très vite !).