Du très grand, du jamais vu: énorme soulagement
Et voilà. J'ai vu Nymphomaniac - Volume 1. Je suis franchement triste de voir ces trop nombreuses critiques assassines à propos du nouveau monument de Lars von Trier.
Déjà, Nymphomaniac ne ressemble à aucun autre de ses films. Tout, absolument tout est très différent de ce qu'on a pu voir jusqu'à présent dans sa filmographie. Même si l'on y retrouve un peu de la richesse d'analyse et de l'ironie de Dogville, un peu de l'esthétique de Melancholia. La toute première scène surprend par sa froide beauté, nous donnant l'impression de redécouvrir le cinéma de LvT. Nymhomaniac nous prouve tout simplement que Lars von Trier est loin de manquer d'inspiration, ce premier volume novateur vient apporter à sa carrière une fraîcheur réjouissante.
Ce film est peut-être le plus juste et le plus sincère de ses films. Lars von Trier y fait preuve d'une auto-dérision et d'un humour extraordinaires, un humour qu'il n'avait jamais autant déployé dans ses autres chefs-d'oeuvre. Ce brave Seligman, c'est Lars. Ce vieux célibataire écoute Joe, attentivement. Il essaie à sa façon de comprendre la vie de cette femme en l'assimilant à de drôles de métaphores. Seligman, c'est von Trier: pourquoi ? Parceque Lars s'interroge; avec humilité il écoute son personnage, tout comme Seligman. Joe est le miroir de ses questionnements. Pour la première fois, Lars ne joue pas avec son héroïne. Sans forcément évoquer le Mal ou la vilénie humaine, comme il l'a souvent fait, il dresse avec délicatesse un véritable portrait de femme qui n'a jamais été aussi riche que dans Nymphomaniac. Ensuite, Seligman=Lars, car Lars s'amuse à se moquer de ses propres connaissances, de sa propre pédanterie, et l'illustration de chaque métaphore évoquée est une preuve délicieuse d'ironie et d'auto-dérision, que le réalisateur ne se prend pas au sérieux, se laissant lui-même bercer et embarquer par le personnage de Joe. Et puis, jamais je n'aurais pensé rire autant devant un de ses films. Lars parvient à mêler avec brio la profondeur de l'introspection à l'humour, nous offrant quelques scènes terriblement hilarantes. Ce faux aspect didactique sera sûrement et est déjà terriblement incompris, car les gens qui n'aiment pas son cinéma l'abordent terriblement mal.
Mais l'intensité dramatique qu'on lui connaît a également toute sa place dans Nymphomaniac. La séquence de l'hôpital, comprise dans le chapitre 4, met d'abord mal à l'aise par sa longueur. Puis on comprend. On comprend cette dernière phrase, déchirante, prononcée par Joe. On comprend l'importance de ce chapitre 4, en noir et blanc, on comprend le terrible changement qu'il provoque chez Joe, laissant deviner une rupture brutale qui expliquerait l'apparente noirceur du deuxième volume. Il me tarde maintenant de découvrir comment la deuxième partie viendra clore cette fresque monumentale.
Oh, et puis, inutile de parler de la censure. La substance est là, c'est évident, même s'il sera évidemment très intéressant de découvrir la version initiale.
Lars, je t'aime.
Rendez-vous le 29.