Je n'ai pas eu le porno tant attendu, j'exige un remboursement !

Bon alors, qu'en est-il du film porno ? Devinez quoi, c'est tout sauf un porno. Vous ne vous y attendiez pas hein ? N'empêche, LVT doit beaucoup s'amuser de tout ce qui est dit sur lui. Il y a même une petite pique lancé à ses détracteurs à propos de ses propos à Cannes en 2011, on apprécie.

Bon alors évidemment, on se tape un message au début disant que le film a été censuré, raccourci et divisé en deux. Autant la division en deux ne me gène nullement, d'abord parce que je comprend que ça ne doit pas être top de distribuer un film de 5 heures, mais surtout parce que c'est justifié par le film. Si on a un film divisé en chapitres, il est justifiable de vouloir le découper. Peter Jackson, si tu nous lis ! Autant le censurer, ça fait chier, il faut le dire. Du coup je sais que je reverrai la version complète. Et pourtant, le film est déjà génial tel qu'il est.

Dès le début on sait que ça va être énorme, cet écran noir qui dure et dure, un silence hallucinant dans la salle, la tension qui monte simplement avec les quelques sons, c'est du grand art. Puis l'image arrive enfin, une ruelle sale, des objets comme des ventilateurs et la pluie sur les poubelles sont mixés très forts, pour un peu on se croirait presque chez Leone. Et soudain, METAL !!!! Magnifique. Ça met tellement bien dans l'ambiance.

Le film fonctionne parce qu'on est suspendu aux lèvres de Joe, qui nous raconte ses ébats et ses expériences sexuelles, souvent drôles, qui pourraient être tellement glauques. Et pourtant, ce n'est pas glauque. Parce qu'il y a une fantaisie dans cette histoire, notamment par la présence des tous ces tics visuels bricolés, dessinés. On sent que quelque part l'histoire de Joe n'est pas à prendre au sérieux, même si on est pas sûr de tout ce qu'elle raconte. On le voit bien à un moment, lorsque Seligman trouve une incohérence dans son récit. C'est ça qui est intéressant, LVT laisse le doute. On a peut-être qu'une pauv' fille, persuadée qu'elle est mauvaise, et qui ne prend de plaisir en rien (la fin va bien dans ce sens).

J'aime bien ce genre de films où on a un personnage inconnu, mystérieux, qui nous dévoile sa vie sexuelle, mais aussi sa vie tout court. Il n'y a pas tant de sexe que ça finalement (bon c'est la version censurée), elle nous touche aussi cette fille, la relation avec son père est belle (et tout sauf freudienne, alors que bon dans un film comme ça, je m'attendais à ce que...), ce qui nous donne un magnifique quatrième chapitre, très différent des autres. Il y a vraiment du beau dans ce film, je pense au chapitre 3, drôle, et glaçant et réaliste à la fois.

Mais ce qui fait que j'adore ça, c'est que c'est fun de bout en bout. Je crois qu'il ne faut pas prendre trop le film au sérieux, quand on a un concours de baise comparé à de la pêche à la ligne ! Jouissif (dans tous les sens du terme).

On aura beau dire tout ce qu'on veut sur LVT, c'est un mec super intéressant, qui renouvelle sa mise en scène à chaque chapitre et qui fait de très belles images. On ressort de là avec une seule putain d'envie : voir le volume II le plus vite possible ! (dès demain pour ma part) Et voir la version complète de LVT, qui à n'en pas douter sera encore meilleure ! Et les autres films de Lars ! C'est vraiment jouissif de voir un film pareil au vu de toute la campagne racoleuse au possible qu'il y a eu autour (encore une fois Lars doit bien se marrer).
Vaanille
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le 11 juin 2014

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Vaanille

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