[ #84 ] Violence , racket et Serveur

Voir ma critique du premier volume : https://www.senscritique.com/film/Nymphomaniac_Volume_1/critique/192395105

[ ALERTE SPOILERS ]

Après un premier volume efficace et recelant de grands moments de cinéma , l'heure du bilan vient avec ce deuxième volet chargé de conclure l'histoire de Joe et de voir où voulait en venir Lars von Trier , en espérant que la censure n'ait pas trop impactée ce deuxième volet.

La poursuite de la vie sexuelle dictée par Joe qui plonge dans les aspects les plus sombres de son âge adulte, ses obsessions et ce qui l’a conduit à être sous les soins de Seligman.

J'ai aimé

• Lars von Trier va jusqu'au bout de ses idées , au risque de laisser le spectateur sur le carreau


• Énormément de thématiques brassées avec brio


• Le film joue avec les attentes du spectateur avec intelligence


• Une fin qui marque et qui divise mais ne laisse pas indifférent


• Jamie Bell , Udo Kier , Jean - Marc Barr

J'ai pas aimé

• La censure et les coupes qui posent problème à certains points - clé du scénario


• L'impression d'avoir vu film coupé en deux et tout ce que cela implique


• Willem Dafoe sous - exploité

Les ténèbres en nous

Lars von Trier signe dans ce second volet une réalisation dans la même veine que le premier volet , plus calme mais aussi plus cohérente et maîtrisée se donnant complètement au scénario et à ses personnages. Malgré la coupure artificielle des deux volets , on sent une véritable descente en enfer plus l'on avance dans le film. Comme dit précédemment , la réalisation est moins voyante et dispersée mais le film compose avec une luminosité naturelle qui va s'assombrir au fur et à mesure de l'avancement du film , couplé à un réalisme froid qui accentue d'autant plus la violence ou le malaise de certaines séquences. Rien ne nous est épargné ( malgré les coupes ) et le film amorce la froideur de l'enfer humain décrit par le réalisateur. Le film se permet cependant quelques incursions dans le fantastique pour mieux cerner l'état d'esprit des personnages alors que le montage construit avec brio la narration du film. Pour accentuer le caractère chaotique de ce qui nous est montré , le film est relié à travers une scène à un précédent film de Lars von Trier : Antichrist. L'impression donnée est que si cette scène s'était déroulée comme elle se déroule dans l'autre film , Nymphomaniac serait devenu Antichrist. Le caractère aléatoire des trajets de vie devient ainsi chaotique. Il est d'ailleurs à noter que le film se montre beaucoup plus explicite dans sa représentation du sexe à l'écran ( la scène avec les deux africains ) ou de la violence ( scènes avec K ) allant ainsi de paire avec cette envie de plonger dans l'enfer et la confusion de la nature humaine.

Souffrance et Plaisir

Mais le coeur du film se trouve avant tout dans ce qu'il nous raconte et satisfait avant tout par la liberté de Lars von Trier qui signe ici une oeuvre - somme et fleuve ( de par sa durée totale ) mais aussi par les nombreuses thématiques abordées et les risques pris par le réalisateur. Pris dans un dilemme qui ne semble pas avoir de prises sur lui , il décide d'aller jusqu'au bout de sa vision intransigeante quitte à perdre du monde en route mais aussi d'être mal compris. Car dans sa quête , le réalisateur développe des thématiques polémiques dont il insuffle son point de vue teinté comme à son habitude d'un sens de la provocation et d'un humour noir hors - normes. Le film traite d'ailleurs pèle - mêle de : racisme , antisémitisme , sado - masochisme , dépression , pédophilie. La force de ce scénario est de toujours réussir à lier l'histoire de Joe à ces thématiques et donc de les rendre utiles et non gratuites. Le scénario passe ainsi dans des tonalités variées , passant du drame à des purs passages comiques le tout avec une certaine science du dosage de tons. Malgré certaines bizzareries ou entorses à la réalité causées par les coupes au montage , le film est une leçon de construction scénaristique qui amène les spectateurs dans une odyssée d'images et de sentiments , parcours initiatique dans la remise en cause des contradictions humaines. Le film part constamment dans des directions surprenantes et illustre des personnages magistraux de nuances et de complexité finalement assez humaine. En divisant et choquant , le film met le doigt sur ce qu'il dénonce et dévoile au grand jour les contradictions d'une société hypocrite et parsemée de bien - pensance nauséabonde.

Acteurs du théâtre humain

Le casting est encore une fois assez prestigieux et les performances stratosphériques , si bien qu'il serait idiot de douter de la direction d'acteur de Lars von Trier. Charlotte Gainsbourg et Stellan Skarsgård sont assez excellents et profitent de leur plus grand temps de présence à l'écran. Mais c'est les acteurs dont le temps à l'écran est compté que les performances marquent : Udo Kier apporte un humour bienvenu , Jean - Marc Barr est hallucinant dans l'une , si ce n'est la meilleure , scène du film et Jamie Bell est prodigieux et pèse de tout son poids avec une performance qui ne peut être décrite.

Choquer ou provoquer

Un faux dilemme émane de ce film et de l'entreprise émise par Lars von Trier : il ne cherche pas qu'à faire l'un ou l'autre mais les deux en même temps et bien plus. Nymphomaniac est une oeuvre - somme puissante qui ne laisse pas indifférent et offre une odyssée cinématographique qui redonne toute sa splendeur à ce médium qu'est le cinéma.

Pour aller plus loin :

• MJ - Fermez la : Interdit aux moins de 18 ans : https://www.youtube.com/watch?v=2BCzUC7hQyI&list=PL90_Zcx6DJ7efCQFcZQ7_KkcjX_D3E9nP&index=3&t=0s


• Fossoyeur de Films : Nymphomaniac vol. 2 : https://www.youtube.com/watch?v=fsR40pEOcEQ&list=PLHT4ZvmtRHiKTcRhAnE2ItlKhSp4j_pcS&index=83&t=0s